Cet amendement montre qu'il y a deux manières de voir les politiques de recrutement et les politiques publiques de l'emploi.
Soit – c'est la vôtre – on fait peser toute la responsabilité sur la personne qui cherche un emploi. On raisonne en termes d'employabilité, on cherche les défauts de savoir-faire, de savoir être, de compétences, de connaissance, de qualification, etc. On déclare que la personne est défaillante et que c'est pour cette raison qu'elle n'arrive pas à accéder à l'emploi. Du coup, il faut agir sur elle, et l'on évince toute la réflexion sur le marché du travail et l'appareil productif.
Ce que propose notre collègue Garin, c'est de dire que la responsabilité de l'accès à l'emploi se joue du côté non pas de la personne qui cherche un emploi, mais de celui ou celle qui l'accepte ou non pour un poste. Telle est la différence entre l'employeurabilité et l'employabilité.
Ce ne sont pas les chômeurs et les chômeuses qui décident s'ils sont embauchés. Ils répondent à une annonce ou postulent par bouche-à-oreille. Après qu'ils ont envoyé leur candidature, quelqu'un décide de les embaucher, ou pas. Eh bien, c'est à ce moment-là que se joue la discrimination sur le marché du travail : celui où quelqu'un, face à une pile de CV, décide qui il va retenir et qui il va rejeter. Or ce qu'on constate, c'est que dans ce pays, on prend toujours les mêmes. Les personnes qui ont les compétences pour un poste mais pas les diplômes ne sont pas prises. Les personnes racisées ne sont pas prises. Les femmes ne sont pas prises.