Les questions migratoires sont très complexes, parce qu'elles touchent – vous l'avez dit, monsieur le député – à l'humain. Elles concernent des êtres humains qui, dans des conditions parfois extrêmement difficiles, cherchent à rejoindre la terre qu'ils croient promise, en tout cas une terre qui protège leur liberté politique, religieuse, sexuelle, ou leur permette tout simplement de fuir la famine, les difficultés climatiques. Il est évident que la France a toujours tenu son rang en la matière : 500 000 personnes sont aujourd'hui protégées par l'Ofpra – Office français de protection des réfugiés et apatrides – sur le sol national, et entre 100 000 et 130 000 demandes d'asile sont déposées chaque année. Nous essayons de les étudier de la meilleure manière possible, face aux difficultés croissantes, et c'est pour cela que depuis 2017, nous finançons par exemple un nombre croissant de places d'hébergement en faveur des demandeurs d'asile. Nous en sommes à 123 000, soit 30 000 de plus qu'en 2018 ; ainsi, 80 % des demandeurs d'asile sont logés par l'État et donc par les Français, grâce à leurs impôts.
Cependant, monsieur le député, tenir son rang, donner asile et être au rendez-vous des questions migratoires, ce n'est pas tout accepter. De tels débats ont lieu dans toutes les démocraties du monde ; pas une n'y échappe. Même les Verts allemands ont voté en faveur d'un pacte migratoire, et vous devriez peut-être faire preuve de solidarité vis-à-vis de vos collègues et alliés politiques. En effet, il faut distinguer d'une part la personne qui vient demander l'asile sur notre continent et qui doit être accueillie le mieux possible, le plus rapidement possible – c'est ce que nous défendrons par le texte relatif à l'immigration que j'aurai l'honneur de présenter auprès des deux chambres dans les semaines qui viennent –, d'autre part les migrations irrégulières, qui n'entrent pas dans les cadres légaux et dont il est évident qu'elles ne peuvent être acceptées. En France, on peut immigrer légalement, comme dans toute l'Europe – à l'exception peut-être de la Grande-Bretagne, mais nous y reviendrons. Nous devons donc assumer le fait de ne pas pouvoir accueillir sans critères toutes les personnes qui veulent venir sur le sol européen, où la capacité d'intégration fait défaut.