Ma question s'adresse à Mme la ministre des affaires étrangères. J'y associe mes collègues du groupe d'amitié France-Arménie.
Pour les Arméniens, l'histoire semble un éternel recommencement. Après le blocus et la famine sont venues les bombes ; après les bombes vient l'exode pour échapper au massacre. Voici le sort des Arméniens du Haut-Karabakh : assiégés depuis dix mois par l'Azerbaïdjan, contraints de ne manger qu'un repas par jour et subissant, ces dernières semaines, l'assaut des soldats et les bombardements azéris.
Malgré deux décisions de la Cour internationale de justice exigeant l'ouverture du corridor de Latchine, malgré les efforts diplomatiques de la France et des États-Unis, auxquels l'Allemagne s'est jointe récemment, Ilham Aliyev, qui cultive une haine ancestrale pour son voisin, poursuit son funeste objectif d'en finir avec les Arméniens et d'obtenir par la force un corridor au sud vers le Nakhitchevan.
La République d'Arménie, qui s'apprête à accueillir des dizaines de milliers de réfugiés, doit aussi faire face à une tentative de déstabilisation interne. Cette jeune démocratie est en danger. Ses frontières souveraines sont menacées.
Dimanche soir, Emmanuel Macron, en réaffirmant son soutien inconditionnel aux Arméniens, a rappelé sa vigilance absolue au respect de l'intégrité territoriale du pays.
La communauté internationale doit être lucide. Les promesses d'un tyran sont des leurres, des stratégies pour gagner du temps. L'Azerbaïdjan, avec le soutien de la Turquie et désormais la complicité de la Russie, a lancé une guerre de conquête dans le Caucase du sud.
Madame la ministre, que peut la diplomatie face à un tyran qui ne comprend que le rapport de force et piétine le droit international ?
En avril, vous avez vu à Jermuk les positions azerbaïdjanaises en territoire arménien. Aujourd'hui, pour protéger l'Arménie et la démocratie, il nous faut agir sans délai.
Nous souhaitons que la France prenne l'initiative d'une action humanitaire d'ampleur pour aider l'Arménie à accueillir les réfugiés, que la France et l'Union européenne s'engagent dans un ensemble de sanctions contre le clan Aliyev, qu'une présence internationale soit déployée pour garantir à l'Arménie la protection de ses frontières.