Ce n'est pas rien de changer de nom et nous, nous sommes attachés à celui de Pôle emploi. Il faut bien reconnaître que ce changement de nom est cohérent avec votre réforme, puisque si votre projet de loi est voté en l'état, Pôle emploi et ses missions d'accompagnement des demandeurs d'emploi n'existeront plus. Ce changement de nom n'est donc pas le fruit du hasard : il traduit votre vision du travail et de l'emploi. Pourquoi en effet France Travail, et non pas France Emploi ? C'est que Pôle emploi devenant France Travail, il n'est plus question pour l'État de chercher à garantir un nouvel emploi, et de fait, votre projet de loi, qui porte pourtant sur le plein emploi, ne dit pas un mot sur l'emploi, sur sa qualité, sur les conditions d'accès à l'emploi ou encore sur la réalité des postes disponibles.
Certes, notre Constitution dispose que chacun a le devoir de travailler, mais elle ajoute que chacun a droit à un emploi ; et c'est l'État qui doit tout mettre en œuvre pour permettre d'accéder à ce droit. Or votre réforme, à commencer par le changement de nom de Pôle emploi en France Travail, traduit un désengagement de l'État au regard de l'emploi. Ainsi, il n'y aura plus Pôle emploi pour accompagner chacun à la fois individuellement et globalement, mais l'opérateur France Travail, qui va trier et orienter chacun vers tel ou tel opérateur public ou privé – sans doute le plus souvent privé, faute de moyens humains et financiers. Le marché du travail imposera sa loi, écartant les plus précaires ou bien les embauchant à bas salaire ou en contrat précaire, évinçant ceux jugés inemployables, quand jusqu'alors notre service public de l'emploi, même s'il avait besoin d'être renforcé et amélioré, assurait un accompagnement en veillant à ce que le retour à l'emploi soit de qualité et adapté au parcours du demandeur d'emploi.