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Intervention de Angélique Cauchy

Réunion du mardi 5 septembre 2023 à 10h30
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Angélique Cauchy, ancienne joueuse de tennis :

À mon époque, par exemple, la carte professionnelle n'était jamais affichée dans les clubs. On ne demandait même pas vraiment leurs diplômes aux entraîneurs. Quand l'un d'entre eux changeait de club, notamment, on ne les lui redemandait pas. Ainsi, le mien avait menti : il avait dit qu'il avait le brevet d'État d'éducateur sportif deuxième degré (BE2), alors qu'il avait juste celui de premier degré. Certes, le BE1 lui permettait d'entraîner, mais le BE2 donne accès à certains postes qui n'auraient pas dû lui être ouverts, comme celui de directeur sportif dans un gros club.

Désormais, la Fédération française de tennis fait beaucoup plus de contrôles. Moi-même, j'ai reçu un mail m'informant que je devais mettre à jour ma carte professionnelle… La FFT demande que cette carte soit affichée et contrôlée. Il existe également des partages d'informations entre le ministère de la justice et celui des sports, ce qui n'était pas le cas à mon époque. C'est une très bonne chose. Contrairement à ce qui se passait avant, la FFT demande aussi que, lors des déplacements – qui sont très fréquents au tennis, car on joue beaucoup de tournois –, un entraîneur ne dorme pas avec son joueur ou sa joueuse. Je ne sais pas si, dans les faits, la consigne est toujours respectée, car cela représente un coût : il faut prendre deux chambres au lieu d'une.

Pour ma part, je trouve qu'il n'y a pas encore assez de femmes entraîneurs. J'en parle souvent avec la fédération. Cela ne veut pas dire que des femmes ne peuvent pas être des prédateurs sexuels – c'est déjà arrivé –, mais, selon la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), 98 % sont des hommes. Je préférerais que l'on mette en place des pôles d'entraînement composés de deux entraîneurs et quatre joueurs : au-delà des « dérapages » potentiels, c'est une bonne chose d'avoir deux entraîneurs. Personne ne sait tout. Même un très bon entraîneur ne peut pas tout apporter. En EPS, j'aime bien travailler avec ma collègue : étant très différente de moi, elle apporte d'autres choses à mes élèves. Au-delà des valeurs communes, proposer aux jeunes deux cadres, deux façons de penser, cela les enrichit.

Organiser des entraînements par petits groupes favoriserait aussi l'émulation entre jeunes du même âge. Quand on a 12 ans et qu'on cesse tout d'un coup de fréquenter d'autres enfants de son âge, c'est problématique pour la construction de la personnalité. Avant d'être un joueur de tennis ou de foot, on reste un jeune, et il est plus important de se construire avec les autres que de le faire uniquement autour de son sport. D'une part, on n'est jamais sûr de devenir sportif de haut niveau. D'autre part, même quand on le devient, il y a un après. Or on connaît le nombre important de dépressions chez les sportifs de haut niveau quand tout s'arrête brutalement : ils ont l'impression de perdre leur vie parce que le sport était leur unique repère.

Les jeunes sportifs doivent garder le plus longtemps possible des repères classiques. S'ils peuvent rester à l'école et dans leur famille, c'est mieux. Tout le monde n'est pas d'accord avec moi, même au sein de la Fédération française de tennis, mais, pour ma part, je préfère que les enfants s'entraînent près de chez eux le plus longtemps possible, plutôt qu'ils partent à 12 ans au pôle France de Poitiers. Il vaut mieux qu'ils soient entraînés dans leur région jusqu'à 16 ans.

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