. – Parmi les autres leviers à actionner, il faut mentionner les règles de conversion et d'allocation des pyrolyseurs. Prenez l'image du recyclage mécanique : des bouteilles plastique seront broyées, lavées et refondues pour donner des granulés. Ces derniers serviront à refabriquer des bouteilles plastique. Pour un recyclage chimique, la pyrolyse transformera le plastique en huile. Dans une autre usine, cette huile servira à produire des polymères. Il s'agira de l'usine du pétrochimiste qui au moyen de sa tour de distillation du pétrole, ou vapocraqueur, utilisera l'huile pour créer des polymères. Au regard des quantités de plastique, il n'est pas possible d'imaginer la production de plastiques avec uniquement les huiles de pyrolyse. En effet, ces huiles seront mélangées avec du pétrole. Il faut regarder précisément les bilans massiques, sinon nous ne saurons pas quel pourcentage de plastique recyclé apparaîtra.
Différentes techniques existent. Une quantité d'huile peut ainsi être mélangée à une quantité de pétrole variable. Comment affecter cette proportion aux polymères sortis au bout du processus de recyclage chimique ? Ces techniques peuvent donner des gammes de produits chimiques susceptibles de créer des polymères ou des carburants. S'y ajoutent des pertes de rendement. Parfois, certaines quantités sont utilisées pour le fonctionnement de l'équipement lui-même. Nous devons prêter attention à l'affectation. Une première méthode, le rolling average, affecte la quantité d'huile uniquement à ce qui permettra de fabriquer du plastique. Le plastique issu de l'utilisation de l'huile de pyrolyse contiendra un pourcentage qui suit une logique de recyclage. La credit method affecte la quantité d'huile de pyrolyse au carburant, aux pertes et à d'autres éléments. Elle est plus avantageuse, mais produit des résultats totalement différents. Les mesures selon ces méthodes devront être effectuées par des tiers de confiance et non par les industriels. Il faudra utiliser la méthode permettant de bien refléter le taux de matière recyclée.
Pour l'obligation d'incorporation des matières plastiques recyclées, les bouteilles constituent l'élément le plus opérationnel. En effet, des objectifs ont été fixés. La réglementation doit donc accompagner le recyclage en instaurant des objectifs par matière et par objet et des pénalités si les objectifs ne sont pas atteints. Se pose dès lors la question de la traçabilité. Nous devons nous interroger sur ce point avec la communauté scientifique.
Une autre recommandation est d'introduire la notion de recyclage réel. Aujourd'hui, les objets achetés sont estampillés « recyclables ». Nous souhaiterions demain que soit incluse la mention « recyclé » et à quelle hauteur. En effet, la mention « recyclable » peut être trompeuse et entraîner la non-atteinte des objectifs de l'économie circulaire.
Nous étions hier avec le GDR Polymères et Océans pour leur quatrième journée d'échange. L'événement réunissait une cinquantaine de chercheurs toutes disciplines confondues (physiciens, chimistes, biologistes, économistes). De véritables progrès et nouvelles connaissances arrivent. Mais d'importants travaux restent à mener, par exemple sur la manière dont les additifs se comportent lors des différentes phases du recyclage. En effet, de premiers articles montrent la nocivité de certaines substances, dont certaines ne sont même pas connues. La science devra se pencher sur ce sujet de manière très précise du point de vue de la santé humaine, car certains objets plastiques seront en contact avec les aliments. Il est nécessaire de se demander comment l'analyse du cycle de vie (ACV) pourra constituer un outil de comparaison des différentes méthodes et intégrer les composantes des impacts, ce qui n'est pas nécessairement le cas aujourd'hui avec les plastiques.