Je me suis rendu à Sainte-Soline parce que j'avais déjà assisté à la première mobilisation médiatique. Pour moi, c'était une continuité.
Les journalistes indépendants n'ont pas pu passer par la voie officielle consistant à se présenter aux forces de l'ordre et à leur expliquer leur travail de couverture. Une nouvelle fois, cette impossibilité s'explique par l'absence de la carte de presse. J'ai assisté à la manifestation avec mon équipement de protection, qui s'est révélé insuffisant en m'obligeant à prendre des risques, et qui peut poser souci en cas de contrôle routier. Or, se rendre à Sainte-Soline sans matériel de protection, c'était véritablement se mettre en danger de mort.
Sur place, les choses se sont plutôt bien passées, mais je n'avais rien vécu de tel auparavant en dépit de mon expérience à l'étranger. Les gens entendaient les grenades exploser autour d'eux toutes les secondes. C'était Verdun. J'étais un peu à l'arrière et je voyais de gros affrontements en première ligne. Je me suis approché en me disant que c'était mon devoir. Nous devions être deux ou trois reporters indépendants. C'était dangereux, nous étions pratiquement dans des conditions de guerre. Jamais, jamais, je n'avais vu ça.