Comment fonctionne l'attribution de la carte de presse aux journalistes indépendants ? Je pense qu'il important d'avoir cette information, puisque cet élément permet d'entrer dans le cadre du schéma national de maintien de l'ordre. C'est à ce titre que l'on est reconnu comme journaliste, que l'on est en capacité de se munir des éléments de protection et d'identification prévus.
L'intérêt de vous rencontrer est de connaître plus précisément les conditions d'exercice de la liberté de la presse sur le terrain, ainsi que le dit d'ailleurs Reporters sans frontières, entre les forces de l'ordre d'un côté et les manifestants de l'autre. J'ajoute une troisième catégorie : ceux qui sont dans les manifestations, autorisées ou pas, pour en découdre.
Le deuxième point qui nous intéresse s'attache à vos observations. Hier, nous avons entendu des remarques de journalistes qui ont insisté sur les agressions dont ils font l'objet par deux catégories de profils : les individus violents pour qui les manifestations ne sont qu'un prétexte à la violence, et les manifestants qui viennent bien manifester mais qui s'en prennent aux journalistes en les considérant, d'une certaine façon, comme les représentants de l'institution ou les porte-paroles de l'État. Partagez-vous ce constat ? Pouvez-vous nous préciser la situation sur le terrain, le déroulement des manifestations, l'origine des violences ?
Un autre point me semble important. Il y a des catégories de profils qui recherchent la médiatisation. Bien sûr, tout manifestant espère que le défilé attirera du monde, que la manifestation sera relayée par les médias. Mais certaines personnes veulent donner à voir des actes violents. Sur cet aspect, quel est votre regard ? C'est-une espèce de serpent qui se mord la queue : des personnes viennent agir violemment, bénéficient d'une médiatisation à juste titre au nom de la transparence et de la meilleure connaissance des faits, et s'appuient donc sur cette transparence pour entretenir l'idée d'une déstabilisation.