Notre-Dame-des-Landes a constitué une forme un totem, compte tenu du poids médiatique de cette lutte écologiste qui a abouti à une victoire, selon les militants, avec l'abandon du projet d'aéroport. Ce combat a créé un champ des possibles. Il a défini un mode d'action, l'installation d'une zone à défendre et des affrontements qui ont pu être violents.
Au cours de notre enquête, nous avons observé un glissement rapide intervenu depuis 2018 et l'arrivée en France d'Extinction Rebellion, vu à ce moment-là comme un mouvement très radical. Aujourd'hui, il est largement dépassé en radicalité par des petits groupes qui revendiquent d'autres modes d'action et d'autres modes de pensée.
Nous avons observé sur le terrain un phénomène évoqué par le sociologue Colin Robineau, c'est-à-dire un double mouvement de radicalisation de militants écologistes et d'écologisation de militants radicaux. Un certain nombre de militants d'ultragauche s'approprient la cause du moment, la défense de la planète et l'environnement, pour exister et mener leurs actions. Les Soulèvements de la Terre ont accepté et recherché le soutien de groupes autonomes et antifascistes. Lorsque nous sommes allés à Sainte-Soline en octobre dernier, nous avons constaté que cette stratégie avait réellement été mise en place avec la constitution de trois cortèges qui avaient pour but de rallier coûte que coûte le chantier de la bassine. Dans le cortège où nous étions figuraient des dizaines d'individus qui s'adonnaient à une stratégie de black bloc, habillés en noir et avec la volonté assumée de percer le dispositif policier.