Nous sommes journalistes. Nous suivons le sujet de l'activisme écologiste depuis 2018 et l'arrivée en France d'Extinction Rebellion, alors vue comme un tournant avec ce mouvement décrit comme radical. En 2021, nous avons décidé d'enquêter plus en profondeur pour tenter de comprendre l'ampleur du phénomène et l'implantation de l'activisme écologiste dit radical en France. Pour cela, nous avons entamé une démarche transversale en nous fondant le plus possible sur le terrain et sur des entretiens, mais aussi en menant une analyse des discours, des logiques et des stratégies employées.
Pour être les plus objectifs et neutres possibles, nous avons résolu d'appliquer, en parallèle, la même démarche à l'État pour étudier sa réponse à cet activisme en plein essor. Très vite, nous avons constaté une montée en tension, marquée par l'existence de deux camps déjà irréconciliables du fait d'un dialogue rompu et d'une volonté mutuelle d'imposer sa vision du monde à l'autre camp, y compris par la force.
Au cours de notre enquête, nous avons senti, du côté des activistes, une réelle angoisse face à l'urgence climatique mais aussi une colère sourde contre le système économique et contre l'État. Ils les jugent écocidaires, c'est-à-dire engagés dans une voie de destruction de la nature. De son côté, l'État considère parfois ces activistes comme des décroissants d'ultragauche totalement déconnectés de la réalité. Les situations sont en réalité plus nuancées. Nous avons souhaité les explorer. Nous avons décidé de nous focaliser sur un certain nombre de dossiers emblématiques : les bassines, le site d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure ou encore le contournement autoroutier de Strasbourg. Rapidement, nous avons senti qu'il était malheureusement évident que la tension allait croissant et que les choses allaient dégénérer, notamment autour de la question de l'eau.