Monsieur le secrétaire général, vous vantiez tout à l'heure la politique française de maintien de l'ordre, qui utiliserait la force seulement quand elle est absolument nécessaire. Comme mon collègue Benjamin Lucas l'a rappelé, nous avons tout de même été épinglés par différents observateurs internationaux, notamment le Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies. Mais peut-être sont-ils de parti pris, peut-être n'observent-ils pas bien ? Vous me reprochiez de faire référence à des cas insuffisamment précis pour vous permettre de vous livrer à une analyse pertinente. Vous semblez découvrir qu'on a critiqué votre politique de maintien de l'ordre pour différentes raisons, qu'on l'a jugée violente. Vous aurez donc appris quelque chose ce matin. Puisque vous ne le saviez pas, les gilets jaunes, ce sont des centaines de manifestants blessés à la tête par des tirs de lanceur de balles de défense, et une trentaine d'éborgnés.
Vous vouliez un cas précis, en voici un. Nous sommes le samedi 16 novembre 2019, place d'Italie, pendant une manifestation. Tout est calme. Manuel Coisne est statique. Il discute avec d'autres manifestants. Il reçoit un tir de lanceur de balles de défense dans l'œil. Il sera éborgné. Il ne représentait aucun danger. Il était parfaitement pacifique. C'est un exemple parmi tant d'autres documentés par cette presse que vous ne lisez jamais et à propos de laquelle votre entourage ne sait ni ne vous dit rien.
Vous vous exprimez sous serment. De deux choses l'une : soit vous avez exercé vos fonctions en méconnaissant totalement ce qui se passait sur le terrain, soit vous avez menti sous serment. Je vous repose donc la question : continuez-vous, sous serment, à nier devant nous que, lorsque vous étiez en fonction, des violences gratuites aient été commises par des forces de l'ordre contre des manifestants ?