Je me permets de signaler que l'Organisation des Nations unies interpelle régulièrement la France au sujet du maintien de l'ordre.
J'ai été surpris de la légèreté – vous me pardonnerez ce terme, je n'en trouve pas de meilleur – avec laquelle vous avez répondu à notre collègue Aymeric Caron au sujet de l'article de Mediapart. Vous avez dit, en forme de boutade, que vous ne lisiez pas ce journal qui n'est « ni la Bible ni le Journal officiel ». La Bible ne fait pas nécessairement partie des lectures imposées à un préfet de la République. Mais la presse, dans une grande démocratie comme la nôtre, concourt à la bonne information de tous, y compris des autorités publiques. Certes, vous êtes libre, à titre personnel, de ne pas être abonné à Mediapart. Ce qui me surprend et m'inquiète, c'est que vos services n'aient pas officiellement porté à votre connaissance des accusations graves concernant des cas de violences policières. Dans la longue histoire républicaine, c'est la presse qui a permis des révélations dont la République est sortie renforcée.
Vous avez évoqué des tensions dans la société et des appels à la violence de la part de dirigeants politiques. Je n'en ai ni vu ni entendu, mais peut-être n'avons-nous pas les mêmes lectures. Vous auriez pu faire le lien avec ce que vous disiez au début de votre propos au sujet de la faiblesse des organisations syndicales. L'affaiblissement des corps intermédiaires et des mobilisations pacifiques, qui correspond à une orientation politique suivie depuis plusieurs années, a pu entraîner de la violence. L'expliquer n'est pas l'excuser.
Vous avez dit qu'il y a des gens qui veulent abattre la République. C'est vrai. Vous avez cité l'expression « abattre la Gueuse », qui vient historiquement de l'extrême droite nationaliste et royaliste. Le syndicat de police Alliance Police nationale, qui, dans un communiqué récent, appelle à mettre les « nuisibles » hors d'état de nuire…