L'Inde n'a pas d'autre choix que de maintenir une relation fonctionnelle avec la Russie. C'est pourquoi elle n'a pas condamné l'agression russe et continue de participer aux formats sino-russes. Le ministre indien des affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, définit la posture de son pays comme une posture multicouches ou multidimensionnelle. La réalité peut être plus nuancée. À l'issue du dernier sommet de l'OCS, aucun communiqué conjoint n'a été publié, peut-être en raison de la réticence de l'Inde ou d'autres États.
Si l'Inde maintient tous ses canaux ouverts, c'est aussi pour éviter des incompréhensions stratégiques majeures. Les incidents le long de la ligne de contrôle, dans l'Himalaya, ont été d'une violence extrême. Mais même les adversaires continuent de se parler, et les Indiens ont fait le choix de parler aux Chinois par les canaux que ces derniers ont choisi.
Pour répondre aux questions de savoir si nous sommes en capacité de détourner l'Inde de la Russie et si les possibilités dont dispose l'Inde peuvent être complétées par une offre française, il faut adopter le point de vue indien. Comme tous nos partenaires qui choisissent de nouer des relations de défense avec d'autres États que la France ou les États-Unis, ils adoptent une logique de diversification. Il faut aussi tenir compte de la logique de transactionnalité. Les Indiens sont durs en négociation. Les coopérations de long terme que sont les relations de défense présentent aussi une forme d'inertie. Une fois la coopération lancée, il est difficile de nouer de nouveaux partenariats, ce sur quoi jouent les Russes.
S'agissant des compensations industrielles, elles sont habituelles dans les contrats de défense et d'armement. Nous avons conscience que la question est sensible. Collectivement, les armées ont le sentiment de l'utilité des exercices tels que celui que nous menons ce matin. Il faut continuer à parler de l'Inde, qui est un partenaire essentiel et pour continuer à entretenir notre relation avec lui.