La représentation nationale pourrait nourrir avec celle de l'Inde un échange de niveau géopolitique, en indiquant à quel point l'océan Indien est essentiel pour nous et à quel point nous sommes crédibles, ce qui nous aiderait à définir des points de convergence avec eux et surtout à éclaircir un peu la question que tout le monde se pose : que fera l'Inde en cas de crise ? Ces échanges privilégiés contribueraient, me semble-t-il, à améliorer notre connaissance de l'Inde, qui est fondamentale, s'agissant d'un pays complexe. Mieux vaut, pour obtenir quelques éléments de réponse, arriver par toutes les portes et toutes les fenêtres.
S'agissant de notre action concrète dans l'océan Indien et de la raison pour laquelle nous agissons là et pas ailleurs, il faut tenir compte de la tyrannie de la distance. Au départ de Toulon, la Nouvelle-Calédonie est à vingt-quatre jours de bateau, Taïwan un peu plus.
Nous connaissons le nord de l'océan Indien. Nous connaissons le mode de vie des populations riveraines et sommes donc en mesure d'identifier les activités anormales. Nous y disposons de points d'appui. Lorsque le GAN s'y déploie, il constitue un élément agrégateur très important. Au cours des dix dernières années, quarante-deux bateaux de douze nations différentes ont travaillé autour du Charles-de-Gaulle.
La déclaration conjointe du Premier ministre britannique et du Président de la République du 10 mars dernier mentionne l'intérêt de coordonner le déploiement des groupes aéronavals européens, ce qui inclut celui de l'Italie, dont la marine aura progressé de 40 % en tonnage de 2008 à 2030. Nous pourrions envisager la présence permanente d'un GAN européen dans cette zone, où nos intérêts convergent de façon évidente, en raison notamment de nos approvisionnements énergétiques qui y passent et des câbles sous-marins qui s'y trouvent.
Notre base de La Réunion est d'autant plus essentielle que, si Bab-el-Mandeb est bloqué, c'est par là que passeront les flux maritimes et c'est depuis La Réunion que nous en assurerons la sécurité.