La montée en puissance de la Chine est un fait structurant pour l'Europe, l'Inde et les États-Unis.
S'agissant des marges d'amélioration concrètes de notre coopération et de ce que peut faire la représentation nationale, des projets sont à l'étude dans plusieurs domaines de notre partenariat stratégique. Il faut parfois, pour formaliser certaines coopérations, utiliser le véhicule législatif, l'intérêt étant que toute diligence soit faite pour les faire aboutir. Dans un domaine en particulier, celui d'un arrangement administratif sur le statut des forces, qui est à l'étude depuis quelques années, une telle démarche ferait progresser notre coopération professionnelle. Sa forme n'est pas arrêtée ; s'il s'agit d'une loi, il y aura tout intérêt à le travailler avec toute l'attention qu'il mérite, car il permettra de développer des formats de coopération nouveaux et plus ambitieux.
Par ailleurs, nous travaillons beaucoup, avec les Indiens, au développement d'une d'analyse commune. L'une des questions que nous nous posons est de savoir s'il existe des zones dans lesquelles nous avons des intérêts communs sur lesquels intervenir. Dans le sud-ouest de l'océan Indien par exemple, nous avons un intérêt à travailler avec les Indiens dans le canal du Mozambique.
Cette observation m'amène au rôle des Drom et des Com et à celui que l'Inde peut y jouer. Abordé lors de la discussion du projet de loi de programmation militaire pour 2024 à 2030, ce sujet fait partie des priorités du ministre des armées qui souhaite renforcer et durcir la place des Drom et des Com. La défense de leur souveraineté est une priorité permanente de la posture de défense de la France.
Nous travaillons de manière continue à l'adaptation de cette posture en Indo-Pacifique, en essayant de toujours mieux valoriser leur contribution au fonctionnement des armées et à la projection de nos forces, tout en tenant compte de la géographie : certains Drom et Com, tels La Réunion et Mayotte, sont à proximité de zones d'approvisionnement ou de communication maritime, d'autres en sont éloignés. Ils peuvent jouer un rôle de point d'appui, mais pas toujours ni dans toutes les configurations. Il importe donc de diversifier ceux-ci et de ne pas compter uniquement sur les Drom et les Com. Nos moyens concrets, outre les Drom et les Com, sont les réseaux de l'action extérieure de la France – ambassades, MDD, représentations techniques –, qui alimentent le vivier de coopération opérationnelle et d'échanges d'analyses.
D'après la Revue nationale stratégique (RNS) publiée en 2022, l'autonomie stratégique de la France repose sur une action souveraine ainsi que sur un rôle de partenaire et d'allié exemplaire. En Indo-Pacifique, ce rôle s'inscrit dans le cadre de partenariats avec l'Inde et d'autres États de la région, mais consiste aussi à contribuer à l'action de l'Union européenne (UE).
S'agissant de la répartition des rôles et des responsabilités entre l'Europe et les États-Unis, le nord-ouest de l'océan Indien est une zone prioritaire pour l'UE, qui y a entrepris des actions concrètes auxquelles contribue la France, notamment le déploiement d'une présence maritime coordonnée (PMC) et du réseau de partage d'information CRIMARIO (Critical maritime routes in the Indian Ocean), dont l'élargissement à l'Indo-Pacifique dans son ensemble est en cours, et qui traite des questions de sécurité maritime au sens large, incluant le terrorisme. D'autres initiatives ad hoc, telles ESIWA (Enhancing security in and with Asia), visent à travailler avec les États de la région pour définir leurs besoins et leur proposer des instruments. Nation de l'Indo-Pacifique et État membre de l'UE, la France joue un rôle d'impulsion, notamment pour renforcer le dialogue avec l'Inde.