L'Inde est la première puissance démographique du monde. Sa diaspora est la plus nombreuse. Cinquième puissance économique et industrielle du globe, elle est en pleine croissance.
Sur le plan diplomatique, elle est engagée dans un large spectre d'alliances. Sa diplomatie peut être qualifiée de plurilatérale, réaliste et opportuniste. L'Inde est membre des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et, aux côtés de la Chine et de la Russie, de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Engagée avec les États-Unis au sein du dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad), elle demeure alliée de la Russie, dont elle n'a pas condamné la guerre d'agression en Ukraine et avec laquelle elle échange armes et pétrole – environ deux tiers des armements indiens sont d'origine russe et 40 % de son pétrole est désormais importé de Russie, contre 1 % avant février 2022. Ainsi, l'Inde n'accepte pas la logique de blocs à l'œuvre dans le monde. Elle est d'ailleurs la seule puissance dotée dans ce cas.
La France et l'Inde entretiennent des coopérations stratégiques depuis vingt-cinq ans. Ce partenariat a notamment permis la vente de trente-six Rafale en 2016. Des discussions sont en cours pour la vente de Rafale Marine et de sous-marins Scorpène. Dans le contexte de la volonté indienne d'autonomie technologique et du plan Make in India, dans quelle mesure ces ventes présentent-elles un risque d'appropriation des technologies du Rafale Marine à la faveur d'une aéronavalisation de l'aéronef indien Tejas Mark 2 ? La même question se pose s'agissant des technologies du Scorpène, notamment de ses systèmes de propulsion anaérobie.
Par ailleurs, à quel point pouvons-nous compter sur un partenaire aussi mouvant dans ses alliances que l'Inde, notamment dans l'hypothèse d'une crise à Taïwan ? Notre partenariat avec l'Inde ne va pas de soi. Elle reste liée à la Russie. Ses frontières avec le Pakistan, à l'ouest, et surtout avec la Chine, au nord, sont conflictuelles. Sur le plan intérieur, l'Inde est une nation en proie à un fort nationalisme, où les autorités attaquent régulièrement les droits de l'homme, ciblant les femmes, les minorités religieuses et les populations de la région du Jammu-et-Cachemire.