Je présenterai la déclinaison aérienne de la stratégie de défense en Indo-Pacifique élaborée par la DGRIS. Cette déclinaison aérienne se déploie selon quatre axes principaux et s'inscrit exactement dans la façon d'aborder notre partenariat avec l'Inde décrite par M. Dufes et Mme Saint-Mézard.
D'abord, l'armée de l'air et de l'espace contribue à projeter de la puissance dans la zone Indo-Pacifique pour afficher et démontrer la souveraineté française, tout en y réassurant nos partenaires, et ce dès la phase de compétition que nous connaissons à l'heure actuelle. Nous faisons du signalement stratégique et de la diplomatie aérienne, principalement grâce au triptyque moderne composé du Rafale, du Phénix A330-MRTT et de l'A400M.
Ensuite, nous cherchons à renforcer l'interopérabilité avec nos partenaires, par des exercices et des entraînements, tels que le déploiement de la mission Pégase, qui est actuellement sur l'île de Guam. L'enjeu est de montrer que la France est un allié fiable, crédible et réactif dans le domaine aérospatial.
Par ailleurs, nous assurons une surveillance aérienne et aérospatiale dans la zone. Cette capacité à voir et à renseigner nous permet notamment de démontrer notre volonté de faire respecter le droit international et de garantir la liberté de navigation.
Enfin, nous devons être capables de contribuer à certaines missions de service public pour protéger nos populations d'outre-mer et les populations alliées ou partenaires.
Partenaire prioritaire en Indo-Pacifique, l'Inde est géographiquement incontournable bien que complexe.
Notre premier objectif est d'y obtenir et d'y développer des points d'appui pour nous projeter vers l'Indo-Pacifique et éventuellement agir depuis des bases aériennes indiennes. L'armée de l'air indienne n'est absolument pas expéditionnaire, ce qui s'inscrit dans la tradition historique qui vient de nous être présentée. Elle n'est pas encore capable de se projeter et reste centrée sur la protection de son territoire. Pour nous qui nous rendons régulièrement dans la zone, il s'agit d'une difficulté de compréhension mutuelle, que nous travaillons à résorber au fil de nos interactions.
Notre coopération a connu un moment fort en 2016, lors de l'achat du Rafale. En 2021, le CEMAAE a validé, avec son homologue indien, des décisions stratégiques en matière de coopération, prévoyant notamment des escales croisées et la tenue d'exercices bilatéraux. L'exercice Garuda se déroule ainsi tous les deux ans, alternativement en France et en Inde. Nous sommes allés en Inde fin 2022 et nous recevrons nos homologues indiens en 2024, ou en 2025 si l'activité de l'AAE durant les Jeux olympiques nécessitait ce report.
Nous avons invité les Indiens à participer à l'exercice majeur Orion, au printemps, en présence d'autres partenaires, pour les associer au travail en coalition.
Depuis 2016, nous accompagnons la mise en œuvre du Rafale. Nous cherchons à conserver leur retour d'expérience dans la durée sur leur façon de l'exploiter. Par ailleurs, les Indiens ayant acquis des Mirage 2000 il y a quelques années, nous leur avons dernièrement proposé la vente des Mirage 2000-C, retirés du service de l'AAE il y a quelques mois.
Enfin, nous avons une comitologie, qui repose sur des réunions d'état-major que nous essayons de tenir annuellement, pour garder le tempo. L'AAE s'inscrit dans cette logique d'entretien de la dynamique. Ainsi, même si nous avons arrêté en 2022 une feuille de route pluriannuelle avec ce partenaire, l'AAE s'efforce d'entretenir ce partenariat et de conserver le point d'appui, les échanges et les retours d'expérience qu'ils nous offrent. Nous maintenons le cap.