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Intervention de Antonio Bispo

Réunion du jeudi 20 juillet 2023 à 9h05
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Antonio Bispo, directeur de l'unité Info&Sols à l'INRAE :

Finalement, les tests d'homologation sont peut-être insuffisants notamment parce qu'ils sont réalisés sur le court terme. Il faudrait donc, pour compenser, mettre en place une surveillance sur le long terme pour faire remonter les effets négatifs des molécules autorisées, comme pour les médicaments. De fait, l'Anses a un département de phytopharmacovigilance mais il faudrait, pour qu'il soit pleinement effectif, mettre en place un réseau de surveillance sur le long terme des concentrations et des effets dans notre environnement des produits mis sur le marché.

Il y a évidemment un lien entre la contamination des sols et la contamination de l'air. Les produits peuvent passer de l'air au sol via les dépôts atmosphériques, du fait des dérives de pulvérisation. Ils peuvent aussi être réémis dans l'air depuis les sols, en fonction des conditions atmosphériques. Dans nos expériences sur les sols, nous avons été conduits à doser le lindane et d'autres organochlorés car l'Anses les retrouvait dans l'air et se demandait pourquoi il en était ainsi, puisqu'ils sont interdits.

Nous travaillons effectivement avec les chambres d'agriculture. Ce sont notamment elles qui prélèvent les échantillons du réseau de mesure de la qualité des sols. Quand on a parlé de pesticides, elles étaient assez inquiètes et craignaient que les agriculteurs n'acceptent pas les prélèvements. En réalité, c'est le contraire qui s'est produit : les agriculteurs étaient très curieux de savoir ce que nous avions trouvé sur dans leurs parcelles. Nous leur avons évidemment communiqué nos résultats.

S'agissant des autres pays, tous sont en train de prendre le chemin de la surveillance. Il existe d'ailleurs un réseau de surveillance européen. L'Union européenne a produit, ce mois-ci, un rapport fondé sur le prélèvement d'environ 3 500 échantillons dans tous les pays européens. Dans 75 % d'entre eux, des traces de pesticides ont été retrouvées. 117 molécules étaient recherchées, dont certaines ne sont plus autorisées, comme l'atrazine, le diuron, le lindane, mais aussi le Roundup par exemple. Leurs résultats rejoignent nos conclusions et nous allons essayer d'obtenir les résultats des mesures effectuées en France, pour pouvoir comparer avec nos 47 sites.

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