Bien sûr, nous partageons nos connaissances avec les autorités en vue d'adapter la règlementation. Mais les démarches en matière de normalisation prennent toujours beaucoup de temps. S'agissant par exemple des tests sur les vers de terre, que nous évoquions tout à l'heure, il nous a fallu quinze ans pour obtenir une modification de la norme. Donc en effet, la recherche avance, et les capacités analytiques évoluent : nous savons de plus en plus de choses parce que nous sommes capables de nous saisir de sujets que nous ne pouvions pas mesurer auparavant.
Les procédures d'homologation se déroulent en plusieurs étapes. Des tests sont d'abord réalisés en laboratoire, par exemple sur la reproduction et la mortalité de ver de compost (Eisenia fetida). Si des effets sont perçus, il faut ensuite effectuer des essais au champ, alors que la procédure d'homologation pourrait s'arrêter là. Finalement, la plupart du temps, on ne retrouve pas au champ les effets négatifs que l'on a vus en laboratoire, pour les raisons que l'on expliquait tout à l'heure. Les effets se manifestent ainsi de manière plus sournoise et à long terme qu'en laboratoire, ou la molécule tue le ver. On arrive ainsi à pratiquer un très grand nombre de tests tout en autorisant des molécules qui ont en réalité une certaine dangerosité.
Par ailleurs, nous sommes bien en lien avec les chambres d'agriculture, notamment sur la question des apports de matière organique, pour essayer de voir comment on peut revitaliser et refertiliser les sols, tout en ayant en tête leur contamination potentielle par les pesticides, par le cuivre, par les microplastiques, etc. Nous essayons d'avoir une approche la plus intégrative possible.