Intervention de Christian Mougin

Réunion du jeudi 20 juillet 2023 à 9h05
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Christian Mougin, directeur de recherche en agroécologie des sols à l'Inrae :

Les boues de stations d'épuration sont le reflet de l'activité humaine sur le bassin de collecte des eaux usées. On y retrouve un grand nombre de contaminants chimiques. Je crois que la règlementation impose seulement la mesure de quelques polluants dans ces boues, au maximum une quinzaine, plutôt des composés persistants. Mais les choses ont peut-être évolué ces dernières années. Des études conduites en Suisse avaient aussi montré que l'on retrouvait dans les boues de station d'épuration des résidus pesticides. Ces produits peuvent effectivement être transférés dans les végétaux, notamment dans l'alimentation animale. J'ai ainsi participé à une expertise pour une collectivité locale confrontée à des problèmes d'intoxication de bovins ; je me suis rendu compte à cette occasion que l'alimentation animale faisait l'objet d'une réglementation minimaliste, imposant l'analyse de seulement quelques contaminants, toujours à peu près les mêmes.

En effet, dans les sols riches en matière organique, les sols limoneux, l'activité microbienne est importante et ces sols ont tendance à retenir les pesticides. À l'inverse, des sols sableux retiennent peu les polluants ; ils permettent une infiltration en profondeur et ainsi une contamination plus facile des nappes souterraines.

Je vous ai indiqué qu'il y avait plusieurs mécanismes à l'œuvre pour les résidus liés. Parmi eux figure le piégeage physique dans les feuillets d'argile. Par des mécanismes de dessiccation et de réhumectation qui vont faire gonfler ces argiles, on peut voir survenir des relargages de composés qui étaient stockés dans ces feuillets ou entre ces feuillets. Le changement climatique peut ainsi avoir un impact sur le relargage de certains contaminants, pas uniquement des pesticides. Nous évitons de faire nos expériences en été parce que la chaleur et la sécheresse limitent beaucoup l'activité des micro-organismes et des vers de terre.

La majorité des financements s'étendent sur des périodes de deux à quatre ans. Or, les expérimentations sur le long terme couvrent des périodes de dix à vingt ans. Vous voyez donc que la situation peut être assez compliquée ; la pérennité des financements est loin d'être assurée. On a pourtant besoin d'expérimenter sur le long terme sur ces sujets.

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