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Intervention de Marc Sauvourel

Réunion du jeudi 20 juillet 2023 à 11h50
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Marc Sauvourel, réalisateur :

La FIFA édicte les règles que les fédérations nationales doivent appliquer. Elle a mis en place ce fameux protocole en demandant aux fédérations de l'appliquer, mais les fédérations ne le font pas. Le président de la FIFA, M. Gianni Infantino, s'abrite derrière ce règlement en pointant la responsabilité des fédérations, mais je trouve qu'il s'agit là d'une manière assez étonnante de se décharger de sa propre responsabilité.

Lorsque nous avons tourné notre documentaire, les fédérations n'avaient pas vraiment pris conscience du problème. Nous avons interviewé le président de la FFF de l'époque, M. Noël Le Graët. Nous l'avons interrogé sur le faible nombre d'entraîneurs de couleur et il nous a répondu que c'était leur faute, car il n'y avait pas de racisme dans le racisme français. Il nous a dit qu'il avait appelé M. Sabri Lamouchi pour lui proposer un poste d'entraîneur, mais que celui-ci avait refusé. Il fait donc d'un cas personnel une généralité.

Ce type de minimisation des évènements empêche naturellement de prendre des mesures. Chaque acteur, à chaque niveau, n'assume pas ses responsabilités. C'est la raison pour laquelle la situation ne s'améliore pas. Une prise conscience doit donc intervenir, pour oser utiliser l'arsenal des sanctions. Les joueurs eux-mêmes n'aident pas en ne voulant pas passer pour des « victimes » et les arbitres ne veulent pas passer pour celui qui a interrompu un match attendu par tant de gens. Finalement, le système est sclérosé et on ne va pas jusqu'au dépôt de plainte.

Le seul déclenchement intervient quand un joueur de renom indique qu'il arrête le match et évoque le problème sur les réseaux sociaux. À ce moment-là, tout le monde indique le soutenir. Mais à part cela, que se passe-t-il ? Aujourd'hui, une personne qui se rend coupable d'actes racistes est pourtant passible d'un an d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Mais cela n'est jamais appliqué.

Désormais, il est possible de surveiller les stades grâce à la vidéo. Peut-être devrait-on décharger le joueur de la responsabilité de signaler les actes racistes, comme l'a fait le joueur Vinícius Junior en décidant de quitter le stade. Un tollé s'en est ensuivi et une loi portant son nom a même été votée au Brésil pour augmenter la durée d'interdiction de stade. Nous sommes là pour protéger le joueur, qui n'a pas à agir pour faire bouger les choses.

L'arbitre doit prendre conscience de la gravité de l'acte, ceux qui gèrent la vidéo doivent identifier les auteurs, qui doivent être expulsés des stades et poursuivis, sans forcément que le club ou la fédération soient impliqués, puisque cela ne marche pas. Il revient sans doute aux autorités d'effectuer leur travail une fois que les personnes coupables d'actes racistes sont identifiées.

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