Je remercie le Premier président de la Cour des comptes pour les informations qu'il nous a transmises et qui confirment le statut de mauvais élève de notre pays dans la zone euro. Audition après audition, nous prenons conscience de l'écart grandissant entre la générosité de notre modèle social d'un côté et notre capacité à produire de la richesse pour le financer, de l'autre. D'autre part, le caractère irréaliste de la trajectoire prévue par le Gouvernement est désormais avéré. Elle relève davantage de la méthode Coué que d'une vision lucide. La croissance est surévaluée et l'inflation sous-estimée, sans parler du taux de chômage, sans doute mal apprécié, lui aussi. Il est temps de tirer la sonnette d'alarme pour éviter une dynamique irréversible de paupérisation du pays dans les prochaines décennies.
Comment serait-il possible d'atteindre les objectifs, que vous dites réalistes, et que vous fixez pour revenir sous la barre des 3 % de déficit en 2027, lorsque les diverses lois de programmation, pour l'intérieur, la justice ou la défense, renvoient l'essentiel des augmentations budgétaires après 2027 ? Où en est l'effet boule de neige de la dette et de sa charge ? À quelle vitesse augmente-t-elle et quand sera-t-elle le premier poste budgétaire de l'État, devant l'éducation nationale ? Quant aux retraites, selon les nouvelles prévisions du Cor (Conseil d'orientation des retraites) et compte tenu de la sous-évaluation du taux de chômage par le Gouvernement, même le décalage à 64 ans ne suffira pas à financer notre modèle par répartition, qui se retrouve condamné. Faut-il commencer à réfléchir à un autre dispositif pour assurer des pensions décentes à ceux qui auront travaillé toute leur vie, sans grever complètement le budget de l'État ni augmenter encore davantage la charge fiscale des entreprises et des ménages ?