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Intervention de Général de corps d'armée Jacques Langlade de Montgros

Réunion du mercredi 12 juillet 2023 à 9h35
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général de corps d'armée Jacques Langlade de Montgros, directeur du renseignement militaire (DRM) :

Dans le rapport de force, l'artillerie est un élément essentiel, notamment dans la doctrine militaire russe, qui, historiquement, lui accorde une place plus importante que la doctrine militaire occidentale.

Cette capacité est utilisée différemment de chaque côté. L'artillerie russe présente une forme d'homogénéité, l'ukrainienne une forme d'hétérogénéité, qui est celle de l'aide occidentale. Il s'agit d'une différence structurante.

L'artillerie russe a ses faiblesses. Les Russes ont eu d'importantes pertes en canons et ont consommé énormément. Leur industrie de défense s'est adaptée pour accroître très significativement sa capacité de production, mais demeure un secteur en tension, parce qu'ils continuent à consommer énormément.

Les Ukrainiens ont renouvelé la nature de leur parc, dont le calibre initial n'était pas celui du parc occidental, mais celui du Pacte de Varsovie. Ils ont commencé par combiner matériel occidental et matériel soviétique, ce qui provoque un incroyable casse-tête en matière de soutien logistique et d'acheminement des munitions.

Plus généralement, la nécessité de gérer les capacités de combat que les Occidentaux leur fournissent est pour les Ukrainiens source de fragilité et de complexité. Additionner deux chars de nature identique ne donne pas forcément le même résultat que celui obtenu par deux chars identiques, si contre-intuitif que cela puisse paraître.

Par exemple, si vous associez un Leopard et un AMX-10 RC, il faut deux chaînes de soutien logistique et de pièces de rechange ainsi que deux filières d'acheminement d'obus, et il n'est pas certain que les équipages puissent se parler. Le soutien et la cohérence des chaînes logistiques comme l'interopérabilité des matériels sont d'une incroyable complexité du côté ukrainien. Les Russes n'ont pas ce problème. Leur armement présente une forme d'unicité et de cohérence du point de vue des chaînes logistiques, des chaînes de munitions et de l'interopérabilité des équipages. Cette différence est une faiblesse structurelle de la profondeur stratégique ukrainienne.

Concernant le volet naval, dont on parle moins aujourd'hui qu'hier, nous constatons une forme de perte de contrôle de la mer Noire par la Russie. Au début de la guerre, les Russes en contrôlaient la quasi-totalité et s'étaient emparés, de façon symbolique, de l'île des Serpents, qui leur a été contestée et qu'ils ont finalement abandonnée. Au fur et à mesure de la guerre, l'espace maritime contrôlé par la Russie n'a cessé de se réduire, en raison des pertes subies, de la pression exercée par les drones navals et aériens utilisés par les Ukrainiens, et de la fermeture des détroits du Bosphore et des Dardanelles, qui empêche toute bascule d'effort entre d'autres ports russes et Sébastopol.

L'aspect naval du conflit n'est pas limité à la mer Noire. Dans ce domaine comme dans les autres, l'usure globale de l'appareil de défense russe est perceptible. Le niveau de présence navale de la Russie en Méditerranée orientale est historiquement bas depuis le déclenchement de l'intervention russe en Syrie en septembre 2015. D'autres fragilités de la composante navale sont perceptibles dans d'autres parties du globe, ce qui démontre une forme d'usure de l'outil de défense russe.

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