S'agissant des effets de l'offensive ukrainienne, nous estimons que la surface reconquise par les Ukrainiens est un peu supérieure à 70 km2 à ce jour. Nous nous en réjouissons.
Cette offensive n'a pas encore produit ses pleins effets. Elle exigera des Ukrainiens un effort cet été pour y parvenir, ce que nous espérons. Dans la logique d'usure qui prévaut, les Ukrainiens tentent d'identifier les points de vulnérabilité du dispositif défensif russe mis en œuvre depuis le mois de décembre sur les 900 km de front. L'action en cours vise à les accentuer, tout en préparant une capacité à les exploiter.
Une offensive se mène en deux temps : l'identification et l'accentuation des vulnérabilités ; leur exploitation pour percer. Nous en sommes clairement à la première phase. Rien, dans le brouillard de la guerre, ne garantit que la seconde aura lieu. L'usure des deux belligérants fait peser une incertitude sur la capacité des Ukrainiens à exploiter une percée dans la profondeur du dispositif russe.
Par ailleurs, chaque belligérant se livre à des frappes dans la profondeur du dispositif adverse, à plusieurs centaines de kilomètres de la ligne de front, en ciblant les postes de commandement, les dépôts de munitions et les parcs de matériels, ce qui désorganise chaque armée en profondeur. La ligne de front est soumise à l'usure de coups répétés de chacun des belligérants, singulièrement des Ukrainiens, mais, pour l'heure, nous n'avons pas identifié – les Ukrainiens non plus – de point de rupture.
Concernant la perspective d'une négociation, elle est inhérente à toute guerre. D'une façon ou d'une autre, les deux belligérants seront amenés à s'asseoir autour d'une table de négociation. Aucune guerre, quelle qu'en soit la nature, ne s'achève sans négociation. Ses modalités et son tempo, à ce stade, sont difficiles à préciser.
La décision politique américaine de livrer à l'Ukraine des armes à sous-munitions n'appelle aucun commentaire de ma part. Elle aura des conséquences militaires pour les deux belligérants, mais n'est un game changer ni pour les Ukrainiens ni pour les Russes.