Qu'est-ce qu'une ferme usine ? À partir de combien d'animaux ? Vous l'ignorez vous-même ! Je vous invite à sortir de vos frontières intellectuelles et à visiter, en Europe – il n'est pas besoin d'aller en Chine –, des élevages avec beaucoup d'animaux. Vous verrez, et vous comparerez les situations.
Monsieur Petit, vous avez évoqué la nouvelle PAC. Même si ce n'est pas une perspective immédiate, la question de l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne changera effectivement le paradigme et nécessitera une redéfinition de la notion de souveraineté. Comment construire une Europe puissance dans le domaine de l'alimentation sans déstabiliser les agricultures voisines, dont les modèles ne sont pas tout à fait les mêmes que le nôtre, y compris s'agissant des contraintes environnementales ? L'interrogation est plus globale, concernant la nouvelle PAC : quand on intègre un pays aussi puissant sur le plan de l'agriculture, les mêmes outils s'imposent-ils ? L'Ukraine est quasiment l'équivalent de l'Europe en termes de production : il existe effectivement des risques de déséquilibre. J'ai également noté votre question relative au foncier.
Monsieur Garot, je partage assez vos propos concernant la souveraineté. J'y ajoute que les notions de disponibilité et de quantité posent la question de la durabilité. Il ne s'agit pas seulement de produire, mais de le faire malgré les contraintes du dérèglement climatique, de la perte de biodiversité et de l'érosion des sols.
S'agissant de l'accessibilité, il ne faut pas renoncer au combat. Je ne veux pas être le porte-voix de ceux qui, plutôt visibles dans l'espace médiatique et portant parfois le nom de l'enseigne qu'ils défendent, expliquent que le bon prix est le prix le plus bas. C'est un piège pour le revenu des agriculteurs. Cette théorie, brandie depuis cinquante à soixante ans, a conduit à une déflation des prix agricoles durant les quinze années précédant le vote de la loi Egalim. Il faut répondre à la question de l'accessibilité non par le prix, mais en mettant en place des mécanismes de solidarité pour ceux qui ne peuvent pas avoir accès à l'alimentation. Parce que l'alimentation a un coût, il faut qu'elle ait un prix ; nous devons ensuite traiter la question des 30 millions d'Européens qui n'ont pas accès à une alimentation de qualité, mais ce sont bien deux sujets différents.