Notre groupe salue les efforts réalisés par l'Union européenne en faveur de la souveraineté alimentaire, qui revêt un caractère particulier pour les territoires ultramarins. Nos écosystèmes nourriciers sont souvent exigus, fragiles et vulnérables au changement climatique, alors que l'éloignement géographique nous impose l'autosuffisance et des efforts supplémentaires pour travailler avec nos voisins.
Partant des travaux que je mène, avec notre collègue Marc Le Fur, pour la délégation aux outre-mer, je souhaite appeler votre attention sur les produits phytosanitaires nécessaires dans les zones tropicales. Pour des raisons de santé publique, certaines molécules sont – c'est bien normal – interdites par les normes européennes, lesquelles poussent l'industrie chimique à créer des intrants de remplacement, plus écologiques et sains. La recherche travaille à créer ces intrants pour le marché européen, au climat tempéré, mais écarte systématiquement les investissements qui permettraient de trouver des intrants destinés aux zones tropicales, subtropicales ou équatoriales. Faute de mobilisation de la science agronomique de l'Union, nos agriculteurs ultramarins – qui sont aussi des citoyens européens – sont privés de ces précieux herbicides, insecticides et fongicides indispensables pour la souveraineté alimentaire des territoires ultrapériphériques européens. Pire, ces molécules interdites sont utilisées dans les pays voisins, qui bénéficient d'accords leur permettant de vendre leurs produits agricoles en zone européenne. Nos paysans se trouvent ainsi privés des intrants utilisés par leurs concurrents directs. Que comptez-vous faire pour interdire l'accès au marché européen des produits agricoles cultivés en utilisant des produits phytosanitaires prohibés dans l'Union ? Que proposez-vous pour que nos agriculteurs ultramarins disposent enfin des molécules nécessaires à leur activité ?
À Mayotte, des décisions rapides dans ce domaine technique auraient une incidence directe et immédiate sur l'approvisionnement en produits frais. Cela permettrait d'agir contre la cherté de la vie, mais aussi de diversifier et d'augmenter la qualité nutritionnelle de notre alimentation pour nous permettre de vivre mieux et en meilleure santé.