La souveraineté alimentaire repose sur deux piliers : la disponibilité, c'est-à-dire la quantité produite, et l'accessibilité alimentaire, avec la distribution de la production. Une récente étude montre que dans l'Union européenne, première puissance agricole mondiale, 30 millions de nos concitoyens ne peuvent pas manger un repas de qualité plus d'un jour sur deux. Cela pose le contexte !
La production brute a connu un virage indispensable pour renforcer notre souveraineté dans des domaines stratégiques, comme celui des protéines végétales. Cela va dans le bon sens. Mais le plan de relance a-t-il prévu suffisamment de moyens face aux défis que nous devons relever ?
À long terme, notre production dépend aussi des conditions dans lesquelles elle est assurée. Je fais ici référence à la santé de la planète et des sols, et à la disponibilité de la ressource en eau. En la matière, nos interrogations et nos doutes sont multiples. Nous ne sommes pas convaincus qu'au rythme actuel, nous serons en mesure de respecter l'objectif de réduction de moitié de l'utilisation des pesticides à horizon 2030 – nous sommes même certains du contraire. Certes, il existe une doctrine européenne. Mais nous, Français, sommes-nous au niveau de cette doctrine ?
Vous évoquez la nécessité d'être sur un pied d'égalité avec nos principaux partenaires et concurrents dans l'Union. Mais à ce compte-là, on ne fait pas grand-chose ! Et cela ne saurait être le paravent à nos renoncements ou à un pas lent. La France doit être aux avant-postes, première de cordée, pour ouvrir un chemin sur le plan européen. Que fait notre pays pour raccrocher la trajectoire prévue pour une moindre utilisation des pesticides ?