En octobre 2021, l'Autorité environnementale affirmait que le plan stratégique national de la PAC ne prenait pas en compte au juste niveau les enjeux environnementaux. Ce seront donc 9 milliards d'euros par an, jusqu'en 2027, qui ne permettront pas de transformer nos modèles agricoles comme il le faudrait. L'urgence écologique n'est pas prise au sérieux, et je qualifierai de cosmétiques les quelques mesures envisagées. La Cour des comptes elle-même considère que les politiques de verdissement de la PAC n'ont que peu d'effets, tandis que les indicateurs de la biodiversité ne cessent de se dégrader, que l'utilisation de pesticides ne diminue pas et que la conversion à l'agriculture biologique est trop lente. Seuls 9,5 % de la surface agricole utile française sont consacrés au bio, alors que l'objectif pour 2022 était de 15 %.
L'État a ignoré les objectifs qu'il s'était fixés en termes de réduction de l'utilisation des pesticides et a failli à son obligation de protection des eaux souterraines. Il a d'ailleurs été condamné le 29 juin dernier par le tribunal administratif de Paris, grâce au travail mené par le collectif Justice pour le vivant.
Vous ignorez aussi la question de l'élevage, lequel représente pourtant plus de 50 % des émissions de gaz à effet de serre d'origine agricole. Nous consacrons plus de 10 % de nos surfaces agricoles à la production de maïs afin de gaver des millions d'animaux entassés dans des fermes usines. Vous pouvez tordre le problème dans tous les sens, aucun projet de politique agricole n'est crédible s'il ne prévoit pas de réduire notre production et notre consommation de viande. Il est plus qu'urgent d'établir un plan agricole pour rééquilibrer la production de protéines végétales par rapport aux protéines carnées. En plus de rendre leur dignité aux animaux maltraités et torturés, c'est un moyen incontournable de répondre à la crise climatique et à l'urgence de la sobriété en eau. Dans le contexte que nous vivons, cela saute aux yeux.