Mes chers collègues, nous accueillons aujourd'hui M. Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire – une notion qui fait écho au projet politique d'une Europe plus souveraine, que nous défendons dans notre commission. En matière agricole, chacun sait le rôle joué par l'Europe, en particulier avec la politique agricole commune (PAC), ainsi que l'importance qu'ont nos agriculteurs pour nous nourrir sans dépendre d'autres puissances.
La guerre en Ukraine a créé un contexte géopolitique nouveau, qui rend plus que jamais nécessaire la préservation de la souveraineté alimentaire européenne. L'Ukraine est parfois présentée comme le grenier à blé de l'Europe, et la guerre fait peser une épée de Damoclès sur sa production et ses exportations.
Comme ministre et comme Beauceron, vous vous attachez à tenir une ligne de crête entre permettre aux agriculteurs de vivre de leur travail et limiter la hausse des prix alimentaires. Sans nos agriculteurs, nous ne réussirons pas la transition écologique européenne.
Le Parlement européen vient de voter la proposition de règlement relatif à la restauration de la nature. Je salue l'adoption de ce texte, qui concourt à la réussite du Pacte vert pour l'Europe puisqu'il vise à restaurer au moins 20 % des espaces terrestres et marins de l'Union européenne d'ici à 2030 et à engager des mesures de restauration des espaces endommagés d'ici à 2050. C'est un impératif, alors que la biodiversité dont dépend l'humanité s'effondre. Cette proposition de règlement, qui est l'équivalent européen de la loi « climat et résilience », est le premier texte à aller aussi loin. Les mesures qu'elle prévoit sont indispensables pour arrêter de supprimer le vivant de notre planète. Dans le débat qui a animé le Parlement européen, certains ont cherché à opposer agriculture et écologie. Toutes deux sont pourtant conciliables, comme nos agriculteurs le démontrent quotidiennement. Quel regard portez-vous sur ce vote, même si nous n'en connaissons pas encore tous les détails ?
Je souhaiterais également vous interroger sur la priorité donnée par la présidence espagnole du Conseil aux relations avec l'Amérique latine. Nous ne partageons pas toujours les mêmes ambitions. Madrid entend donner un nouvel élan à l'accord entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, le Marché commun du Sud, et conclure le processus de ratification d'ici à la fin de l'année. Nous connaissons la fermeté et l'ambition de la France pour protéger ses filières agricoles face à la concurrence déloyale. Notre assemblée a d'ailleurs adopté une résolution en ce sens le mois dernier. Quelle est votre appréciation des négociations en cours avec nos partenaires du Mercosur, notamment pour l'introduction de clauses miroirs ? Comment la France parvient-elle à faire entendre sa position ?