Je partage les constats formulés par le rapporteur quant à l'inspiration néolibérale de la politique de la Banque mondiale et à sa gouvernance.
En tant que députée de la Polynésie française, je soutiens l'idée qu'il faut une meilleure prise en compte de la voix des pays du Sud. Ils sont, comme les outre-mer français, les territoires les plus endettés et les premiers touchés par les conséquences du changement climatique. Cette situation favorise les dissensions idéologiques avec l'Occident. Certains pays du Sud, nous le savons tous, sont allés jusqu'à prendre parti pour la Russie dans le cadre du conflit avec l'Ukraine et ils seront également poussés à se détourner des programmes de la Banque mondiale, pour accepter de plus en plus de financements chinois ou russes.
Le choix de Paris, c'est-à-dire d'une ancienne puissance coloniale qui maintient des liens forts avec les États africains aujourd'hui indépendants, comme siège principal en Europe de la Banque mondiale n'est pas anodin et mérite d'être salué.
Afin d'aller vers un système financier international plus juste, des réformes sont envisagées. Les droits de tirage spéciaux (DTS) sont des actifs de réserve internationaux, créés par le FMI, qui permettent de fournir indirectement des devises aux pays membres sans créer de dette supplémentaire mais ce système est imparfait : il conduit à des déséquilibres, les pays riches en étant paradoxalement les premiers bénéficiaires. Les débats actuels portent surtout sur des solutions techniques permettant aux pays ayant reçu des DTS en surplus de les réallouer aux pays qui en ont le plus besoin. La France s'est ainsi engagée à réallouer 20 % de ses DTS aux économies africaines et elle incite les autres États membres de l'Union européenne à faire de même. D'autres solutions sont envisagées, comme la réallocation de DTS aux banques multilatérales de développement ou encore la création de nouveaux organismes, à l'image du Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité, qui vise à soutenir les États les plus pauvres face au changement climatique et aux pandémies.
Pensez-vous, monsieur le rapporteur, que l'allocation et la réallocation de DTS soient des mesures suffisantes pour permettre aux États pauvres de sortir de la crise de la dette ? Êtes-vous partisan de la création de fonds tels que celui que j'ai cité ou d'une réallocation des moyens au plus près des besoins, en passant par les banques multilatérales de développement ?
S'agissant du projet de loi, nous suivrons, bien sûr, votre avis.