C'est donc à Paris que la Banque mondiale recentrera une grande partie de son activité en Europe. Sur la forme, nous pensons comme vous qu'il s'agit d'un choix bienvenu. Sur le fond, la question est plus sensible. Si l'on étudie les activités de la Banque mondiale comme vous l'avez fait, monsieur le rapporteur, on s'aperçoit que cette institution est l'un des bras armés des politiques néolibérales issues du consensus de Washington.
Pour résumer, aux yeux de la Banque mondiale, le problème est quasi systématiquement dans la dépense publique et les services publics. Dans son ouvrage La Grande Désillusion, Joseph Stiglitz démontre que les politiques néolibérales menées dans les années 1990 par le FMI et la Banque mondiale ont participé à l'aggravation de la situation de nombreux pays du Sud et entraîné des crises sociales. Pire, ces pays n'ont pratiquement pas voix au chapitre, puisque le principe démocratique et juste « un pays, une voix » ne s'applique pas. Du reste, vous l'avez rappelé, le président de la Banque mondiale est presque systématiquement américain. Ainsi, les plus riches décident de facto pour les milliards de personnes qui sont et seront en première ligne des grandes crises économiques et écologiques.
Les efforts de la Banque mondiale pour une meilleure prise en compte des pays du Sud nous paraissent trop timides alors qu'un changement radical s'impose. Le sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé il y a trois semaines n'a pas abordé frontalement la réforme de l'institution.
Cela dit, comme vous l'avez souligné, le recentrage de l'activité de la Banque mondiale à Paris permettra sans doute un dialogue plus soutenu avec les acteurs du développement présents dans la capitale française. Encore faut-il que le Gouvernement adopte une vraie stratégie d'aide publique au développement, alors que la réunion du comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) a été une nouvelle fois reportée à une date indéterminée.
Dans la mesure où cet accord a pour but principal d'aligner les dispositions statutaires relatives à la Banque mondiale sur celles qui s'appliquent à l'ensemble des organisations multilatérales présentes sur notre sol, nous voterons pour le projet de loi.