Je propose de qualifier d'émeutes les événements survenus du 27 juin au 5 juillet. Le texte issu du Sénat mentionne sobrement des « troubles à l'ordre et à la sécurité publics », comme s'il s'agissait de tapage nocturne, et le texte macroniste initial, qui parlait d' « événements de voie publique », était encore plus déconnecté de la réalité vécue par les Français.
Une émeute est un mouvement, un soulèvement de personnes qui explose en violences. Nous n'avons pas assisté à des troubles, mais bien à une attaque en règle de bâtiments – mairies, commissariats, écoles – qui symbolisent la France : c'est la France même qui a été attaquée. De surcroît, ces événements ont été organisés. Dans mon département de l'Eure, on a vu passer en comparution immédiate des jeunes qui s'étaient organisés sur les réseaux sociaux, qui avaient prémédité leurs actions et qui ont agi plusieurs jours de suite et dans plusieurs communes.
On nous demande de reconstruire comme si une catastrophe naturelle s'était abattue sur le pays – c'est d'ailleurs la comparaison que le ministre a utilisée tout à l'heure, en réponse à M. de Fournas. C'est comme s'il n'y avait pas de responsables à faire payer et à dissuader de recommencer. Vous niez les faits et vous ne voulez pas faire payer les casseurs : nous le payons aujourd'hui au sens propre et nous le paierons demain, puisque rien ne les dissuadera de recommencer. Enfin, vous faites comme s'il s'agissait d'événements exceptionnels, isolés dans le temps, qui ne risquent pas de se reproduire.
Nous proposons de clarifier les faits : il s'agissait d'émeutes et de délinquants organisés, identifiés, que l'on doit faire payer. Au-delà de la reconstruction, qui est indispensable, nous attendons des propositions de loi d'urgence pour créer des peines dédiées et inscrire dans la loi le principe de casseur-payeur : cela nous évitera de nous réunir dans six mois pour financer à nouveau, sur le dos du contribuable, des dégâts qui sont dus à une minorité de voyous. Il faut commencer par qualifier correctement les faits, en disant que ce sont des émeutes.