Après France Services et France Travail, voici France ruralités, mais cette nouvelle manière de faire repose sur du mépris : le nom même de ce plan montre bien votre absence de compréhension de ce que sont les ruralités – car oui, la ruralité est plurielle. Mon territoire, que vous avez évoqué, la Creuse, n'a pas les mêmes exigences ni la même population que les territoires désindustrialisés de la Somme ou les plaines céréalières du centre de la France.
Vous avez parlé de la mobilité, qui est un véritable souci en matière d'emploi. Ce que vous prévoyez, dans votre plan, représente un peu plus de 1 euro par habitant, soit à peu près 117 000 euros dans la Creuse – c'est-à-dire un bus d'occasion.
Pour lutter contre le manque d'ingénierie dans les communes rurales, vous avez créé le programme unique Villages d'avenir, alors que toutes les associations d'élus réclament une aide au cas par cas. Ce programme ne concerne que 500 communes françaises ; faut-il comprendre que seules 500 communes sont concernées par la fermeture chronique de classes – sachant qu' a priori on aura plutôt recours au service civique pour remplacer des enseignants –, par la disparition des bureaux de poste ou par la désertification hospitalière et médicale ? Face aux déserts médicaux, votre solution est les médicobus. Peut-être vivez-vous dans le monde des sorciers, mais les magicobus et la distribution de dragibus, cela ne marche pas ; il faut arrêter de se faire des films.
Votre gouvernement accumule, une fois encore, des dispositifs restreints et complexes, et met les collectivités en concurrence pour bénéficier de quelques miettes d'argent public. Quand allez-vous réellement vous en prendre à la source des problèmes, en renforçant les dotations de fonctionnement des collectivités territoriales, en finançant les services publics, en rouvrant des guichets physiques pour accueillir nos concitoyens ? Ne me répondez pas, s'il vous plaît, que vous allez créer des maisons France Services : elles sont en partie une charge financière, non compensée, pour les communes, et elles emploient du personnel pas ou peu formé, voire en service civique.