Le Gouvernement semble juger que ses mesures en faveur d'une meilleure mixité sociale à l'école suffiront à régler un problème de fond : la ségrégation sociale au sein de nos établissements scolaires.
Dans de trop nombreuses communes, les élèves favorisés et très favorisés vivent très majoritairement entre eux, loin des élèves défavorisés et très défavorisés. Avec la publication des indices de position sociale (IPS) – que nous saluons –, ce problème est largement mis en évidence mais, maintenant, il faut agir afin d'améliorer sensiblement la mixité sociale à l'école. Toutes les mesures que vous proposez ne vont pas dans le mauvais sens mais elles nous paraissent insuffisamment ambitieuses. Elles peuvent certes corriger la situation à la marge mais elles ne permettront pas d'agir durablement.
J'appelle également votre attention sur le problème de l'évitement scolaire à travers l'enseignement privé : les mesures que vous proposez ne le règleront pas. Il s'agit, non pas de remettre en cause la liberté scolaire, mais de réfléchir à la part que chacun doit prendre pour que la France continue à « faire nation ». Cela doit passer par des mesures fermes, dont l'instauration d'un système d'incitation financière de bonus-malus, à partir de la dotation de fonctionnement, en fonction du niveau de mixité établi par l'IPS, tant pour les établissements publics que privés.
Nous sommes inquiets à la suite des annonces du Président de la République, à Marseille, visant à ouvrir les collèges en REP et REP + de huit heures à dix-huit heures. Je ne suis pas sûre que passer dix heures par jour à l'école permette de l'aimer. Quelques jours plus tard, le Président de la République a annoncé une réforme des vacances afin d'alléger des semaines trop fatigantes pour les élèves. Or, les semaines ne peuvent pas être trop légères pour les élèves les plus pauvres et trop fatigantes pour les autres. Qui s'occupera donc des élèves de huit heures à dix-huit heures ? Quelles activités pédagogiques seront-elles proposées ?