Intervention de Alexandre Portier

Réunion du mardi 11 juillet 2023 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandre Portier :

Au lendemain des émeutes, de nombreuses voix ont expliqué que la réponse devait être non seulement sécuritaire, mais aussi scolaire. Cependant, les pistes envisagées par le Gouvernement m'interpellent. Accueil dans les établissements scolaires de huit heures à dix-huit heures, réduction de la durée des vacances d'été, scolarisation en maternelle dès 2 ans : en somme, il s'agit d'arracher toujours plus l'enfant au cadre familial. Or comment ne pas voir dans les émeutes le signe de l'échec de ce modèle ? Est-ce l'école qui a péché ? Je ne le crois pas. Durant ces nuits d'émeutes, qui aurait dû descendre dans la rue pour ramener les gamins à la maison ? Les enseignants ? Non : ce sont les parents qui auraient dû se tenir derrière leurs enfants. L'école ne peut pas se substituer aux familles – vous l'avez dit vous-même, mais c'est important de le souligner –, et elle ne le doit surtout pas. Cela fait pourtant des décennies qu'on lui donne toujours plus de missions et que l'on dessaisit les familles de leur autorité, de leur rôle, de leur légitimité. Et on continue ! Pas deux jours ne passent sans annonce… C'est un feu d'artifice permanent, dans lequel plus personne ne se retrouve. On mélange tout, on veut tenir l'école responsable de tout, et pour quel résultat ? En cette période de troubles et de tempête, au lieu de clarifier le rôle de l'école, vous le diluez encore un peu plus chaque jour.

La seule chose que l'on attend de l'école, c'est l'instruction – et c'est justement ce qu'elle ne fait plus correctement. La réussite de nos enfants est pourtant le sujet sur lequel il pourrait y avoir une forme d'union sacrée. Le niveau des élèves baisse – tout le monde le constate –, et il baisse d'autant plus que celui de nos enseignants diminue encore plus. Ce n'est pas une critique, c'est juste un fait – un fait malheureux. Au lieu de faire de l'instruction la priorité absolue, vous faites de l'école le laboratoire permanent de tous les maux de la société : on y parle de tout, mais plus de transmission des savoirs, comme si les enseignants étaient devenus des assistantes sociales ou des éducateurs de quartier.

Il faut maintenant siffler la fin de la récréation et arrêter la surenchère. L'école ne peut pas tout, elle ne doit pas tout. Que chacun fasse son travail, y compris les parents ! Ce principe, vous devez non seulement le rappeler, mais aussi et surtout le faire respecter. Que comptez-vous faire pour cela ?

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