Intervention de Léo Walter

Réunion du mardi 11 juillet 2023 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLéo Walter :

Vendredi, c'était la sortie des classes, même si certains élèves – vous l'avez dit vous-même – n'avaient plus cours depuis plusieurs semaines, la reconquête du mois de juin s'étant transformée, par la grâce du bac Blanquer, en Bérézina du mois d'avril. Une fois de plus, élèves et professeurs ont quitté leur établissement sans savoir de quoi serait faite la prochaine rentrée scolaire. Une fois de plus, ils en seront réduits à scruter la presse pour savoir à quelle sauce indigeste ils seront mangés. Je ne parle même pas de l'angoisse des milliers de bacheliers qui attendent encore leur affectation sur Parcoursup, ni de celle des lycéens professionnels qui voient disparaître leur filière. Personne ne sait si, en REP, les petits de 2 ans auront classe, si les collégiens seront accueillis de huit heures à dix-huit heures, ni si les vacances d'été seront raccourcies. À voir votre réaction à Marseille, on peut légitimement se demander si vous le savez vous-même…

Le pacte enseignant, ni fait ni à faire, ni négocié ni négociable – et d'ailleurs massivement rejeté –, se réduit en réalité à une heure de soutien au collège pour les enseignants du premier degré et aux remplacements courts pour ceux du second degré. Vous affirmiez que les classes découvertes, entre autres, seraient prises en compte : eh bien non ! Briques obligatoires, briques optionnelles : les enseignants ont l'impression de jouer à une version absurde de Lego, où aucune pièce ne s'emboîte et où le but n'est pas de construire, mais de défaire – un jeu dangereux qui sème la discorde et détruit les collectifs de travail.

Et voilà que la Cour des comptes propose de désétatiser l'Éducation nationale, de casser le statut des enseignants et de supprimer les concours ! Le Conseil supérieur des programmes de Blanquer lui emboîte le pas, assumant de disloquer le cadre national du service public d'éducation. Bref, on file tout droit vers l'inévitable privatisation de l'école prônée par l'institut Montaigne, vers le modèle hongrois de Viktor Orbán. Est-ce cela, « une école qui instruit, émancipe et protège », pour reprendre le titre de votre circulaire de rentrée ? Je ne vous pose pas vraiment la question. J'espère simplement avoir su vous faire entendre la détresse, l'épuisement et la colère d'une école que vous avez abandonnée et que le Président de la République ne finit pas de pointer du doigt et de mépriser.

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