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Intervention de le vice-amiral d'escadre Nicolas Vaujour

Réunion du mercredi 21 juin 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

le vice-amiral d'escadre Nicolas Vaujour :

Ces partenariats, essentiels, constituent une grande partie de mon travail. Lorsque, vendredi 21 avril, j'ai lancé une visioconférence, tous nos partenaires n'étaient pas obligés de venir, mais quinze pays étaient représentés autour de la table, et ils attendaient une seule chose : qu'un leader se dégage. Entretenir la connaissance de nos partenaires est fondamental, d'abord pour savoir avec qui nous allons pouvoir travailler et jusqu'à quel niveau – au niveau très dur, au niveau un peu moins dur, pas du tout ? –, ensuite pour nous garantir des accès. Je souhaite, je l'ai dit, multiplier les zones du monde où je suis à peu près sûr d'avoir accès à un port ou à un aéroport. Ces partenariats s'entretiennent, par exemple avec des missions telles que Pégase que nous allons bientôt débuter en Indo-Pacifique pour vérifier que tel aéroport est effectivement capable de nous accueillir ou de servir de point d'appui. Il en va de même pour les escales de bateaux. Il faut aussi vérifier le niveau de partenariat avec le pays considéré et déterminer si l'on peut l'utiliser comme plateforme-relais. Lors de l'évacuation de Kaboul, pouvoir compter sur un aéroport aux Émirats arabes unis a été essentiel.

Tout cela a un coût : la coopération avec nos partenaires. Nous devons d'abord nous faire reconnaître comme compétents, améliorer l'interopérabilité avec ces pays et travailler l'amitié entre la France et ces États, de manière à ce que, le jour J, nous ne soyons pas perçus comme des étrangers mais comme des partenaires. Nous devons donc investir d'emblée en les aidant, parce que, souvent, ils n'ont pas exactement les mêmes capacités que les nôtres. Aussi, nous les formons et les entraînons dans les domaines aérien et maritime, et, le jour où « ça chauffe », ils nous renvoient l'ascenseur.

Nous entretenons ces partenariats à plusieurs niveaux, dont le mien. J'ai des relations serrées avec mes homologues américains au Pentagone, et j'ai des liens directs et réguliers avec les chefs du commandement américain pour l'Afrique, du commandement pour la zone Proche et Moyen-Orient et du commandement pour la zone indo-pacifique. Je suis allé les voir, nous avons établi des liens. Si vous ne vous connaissez pas personnellement, vous n'obtiendrez pas la réponse à la petite demande que vous avez à faire. Les formats multilatéraux sont tout aussi nécessaires. L'Initiative européenne d'intervention (IEI) en fait partie. Dans ce cadre comme dans d'autres organisations internationales telles que l'Otan et au travers des opérations européennes, nous devons apprendre à nous connaître suffisamment pour que l'on puisse m'appeler un dimanche à 6 heures du matin pour me dire : « S'il te plaît, Nicolas, quand me donnes-tu un créneau horaire pour me poser à Wadi Seidna ? ».

En réalité, les partenariats entre Etats, ce sont aussi des relations interpersonnelles pour montrer que l'on peut aller ensemble vers un même but et tester régulièrement cette capacité en exercices et en opérations. Si nous n'avions pas conduit nos opérations au Sahel, il n'y aurait pas eu grand monde autour de la table vendredi 21 avril après-midi. Mes interlocuteurs savent comment nous travaillons, quelles règles nous respectons, ils savent qu'ils peuvent nous faire confiance, et donc que dans cette affaire c'est vers nous qu'il faut se tourner.

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