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Intervention de le vice-amiral d'escadre Nicolas Vaujour

Réunion du mercredi 21 juin 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

le vice-amiral d'escadre Nicolas Vaujour :

Je ne parlerai pas de « trou capacitaire » mais il aurait certainement été utile de disposer de drones supplémentaires à Djibouti. Il se trouve que nos drones Reaper sont à Niamey au Niger et n'ont pas l'allonge nécessaire pour pourvoir opérer à Khartoum à près de 4 000 km de là (ils seront toutefois utilisés pour l'évacuation des agents de l'ONU à El Fasher). Nous avons bénéficié d'un accès aux observations de drones américains, avec quelques images, mais ce n'était pas notre propre matériel. Nous n'avions pas de chasseurs sur place mais des chasseurs de défense aérienne et de bombardement en alerte. Nos bombardiers sont à N'Djamena et nos intercepteurs à Djibouti ; nous pouvions les utiliser si besoin était, mais nous ne voulions pas paraître trop agressifs. Les Soudanais n'auraient peut-être pas eu la même réaction si nous étions arrivés à Wadi Seidna avec une dizaine d'avions, ce pourquoi nous sommes arrivés avec un C-130, mais nous étions en mesure de réagir.

Plusieurs raisons expliquent que nos alliés n'y soient pas allés. D'abord, leur processus décisionnel politique est probablement beaucoup plus compliqué que le nôtre. Ainsi, un de nos alliés devait avoir obtenu un créneau d'atterrissage à Khartoum avant que son autorité politique décide s'il participerait ou non à l'opération. Cela signifie que le politique ne donnait aucune délégation au niveau militaire ; on ne peut tout simplement pas gérer une telle opération de cette manière. D'autre part, peut-être ont-ils du mal à assumer le risque induit par une opération de cette sorte pour évacuer leurs ressortissants. Pour tout vous dire, ils étaient vraiment contents que nous ayons ouvert l'aéroport.

Pour ce qui concerne les États-Unis, je pense qu'il faut se référer à ce qui s'est passé en Afghanistan. Mon analyse personnelle est que l'image du général quittant Kaboul le dernier dans la soute d'un avion est restée inscrite dans l'esprit de leurs autorités politiques, et qu'ils ne voulaient pas reproduire cette image négative. Leur doctrine était la même que celle des Britanniques et des Anglo-Saxons de manière générale : on évacue les diplomates, point. Cela a provoqué les polémiques que l'on sait au Royaume-Uni mais les États-Unis n'ont pas modifié leur politique et ils ont évacué leurs 77 diplomates en même temps que nous. Les Britanniques, qui avaient procédé de la même manière, ont dû revenir, sous la pression politique, pour évacuer les ressortissants. Il est certain qu'il est plus simple d'évacuer seulement les diplomates…

Nous n'avons aucun contact avec les sociétés militaires privées. Nous avons nos propres services de renseignement et ce n'est pas notre manière de faire.

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