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Intervention de le vice-amiral d'escadre Nicolas Vaujour

Réunion du mercredi 21 juin 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

le vice-amiral d'escadre Nicolas Vaujour :

Je l'ai dit dans mon propos liminaire, nous avons demandé à tous les pays de signaler au Quai d'Orsay ceux qui voulaient être évacués, sans aucune contrainte et sans filtre par nationalité, fonction ou autre critère. Des 1 017 personnes évacuées, 225 étaient françaises et 100 soudanaises. Je tiens à votre disposition la liste des 84 nationalités évacuées par nos soins. Au tout début, l'ambassade de France a appelé tous nos ressortissants pour leur indiquer les points, dates et heures de regroupement. Dimanche 23 avril au matin, nous avons évacué tous ceux qui avaient réussi à rallier les points de regroupement par leurs propres moyens puis constitué plusieurs autres convois. Très rapidement, le bouche-à-oreille a fait que les gens savaient que les Français étaient évacués, notamment à partir de l'ambassade de France. Nous avons annoncé que le dernier convoi, la « voiture-balai » en quelque sorte, aurait lieu lundi 24 avril au matin. Il n'y a eu aucun filtre.

Ensuite, d'autres pays ont agi. Lundi 24 avril, nous avons passé la main aux Allemands, qui sont restés sur l'aéroport de Wadi Seidna pour poursuivre leur évacuation par leurs propres moyens, avant de passer le relais aux Britanniques qui ont continué d'évacuer leurs propres ressortissants. Pour les Britanniques, une polémique a eu lieu sur le point de savoir s'ils allaient évacuer uniquement des diplomates ou l'ensemble des ressortissants. Pour ce qui nous concerne, nous avions clairement annoncé, dès le départ, où et quand les rassemblements devaient avoir lieu en vue d'une évacuation, et cela s'est répandu dans Khartoum. Mais il y a eu d'autres évacuations successives : les Saoudiens ont composé un grand convoi routier, tout comme l'ONU, prête à accepter d'autres ressortissants. Nous avons vraiment fait tout ce que nous pouvions faire. Mais, je vous l'ai dit, je ne voulais pas que l'opération dure trop longtemps. Notre mode d'action était du type « First in, first out » : je viens, je remplis la mission du mieux que je peux – et je pense que ce fut le cas – mais je ne garde pas les « doigts dans la prise » alors que la situation continue à se dégrader.

Notre flotte d'A400M est-elle suffisante ? En tout cas, là, pendant l'évacuation, nous étions toujours en opération au Niger, au Proche et au Moyen-Orient ainsi qu'à l'Est de l'Europe. Nous ne sommes pas mono-tâche mais multi-tâches en permanence. Bien sûr, « l'élastique se tend » et, l'urgence commande de faire des choix ou de revoir les priorités. En l'espèce, il était prévu un entraînement de parachutistes à partir d'un A400M ; ces parachutistes s'entraîneront un peu plus tard ou, plus exactement, une compagnie de parachutistes avait été mise en alerte en métropole pour le cas où le durcissement de la crise nous aurait contraints à reprendre l'aéroport de vive force. Cela aurait été une tout autre opération, qui n'a pas eu lieu d'être.

Bien entendu, un militaire à qui l'on demande s'il veut davantage de matériel répondra toujours « oui ». Mais, objectivement, notre flotte répond aux besoins. Ce qui m'importait était que l'A400M, avion complexe, arrive à maturité. Il a désormais une certaine fiabilité et le niveau de disponibilité augmente de même que le nombre d'aéronefs livrés. Nous en sommes, à 21 sur 35 désormais, et cette flotte permet de conduire nos missions.

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