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Intervention de le vice-amiral d'escadre Nicolas Vaujour

Réunion du mercredi 21 juin 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

le vice-amiral d'escadre Nicolas Vaujour :

Que soit stationné à Djibouti un officier général en la personne du général Laurent Boïté permet d'avoir un lien très étroit avec les autorités djiboutiennes. Cela nous a permis de leur dire dès la mi-avril que nous envisagions, avec leur aval, d'utiliser l'aéroport de Djibouti pour gérer l'évacuation de nos ressortissants au Soudan, d'obtenir leur accord et l'autorisation d'organiser l'arrivée des avions étrangers à l'aéroport de Djibouti.

Les difficultés spécifiques à une évacuation en zone de combat urbain sont illustrées par l'incident au cours duquel un de nos soldats a été blessé. Il participait au deuxième convoi, chargé d'extraire les ressortissants isolés, et pour cela, de s'aventurer dans les zones de combat. Ce deuxième convoi a été pris à partie par une bande armée et l'un de nos commandos marine, touché par une balle, est tombé du véhicule. Cet incident a démontré la pertinence de l'organisation de notre soutien médical. Le convoi a fait demi-tour sous le feu pour aller récupérer le blessé, qui saignait beaucoup. Le médecin des forces spéciales qui participait au convoi, comme c'est systématiquement le cas, l'a stabilisé au plus près. Il a ensuite été emmené rapidement à l'aéroport de Wadi Seidna, situé à 25 kilomètres au nord de Khartoum, où il a été opéré par un chirurgien français dans le module de chirurgie vitale – schématiquement, un lit médicalisé sous une tente – avant d'être évacué vers Djibouti où il a été à nouveau examiné par les médecins en attendant son évacuation sanitaire vers les hôpitaux parisiens. C'est l'application de notre doctrine : intégration de notre service de santé au plus près des forces spéciales dans le convoi et module de chirurgie vitale déployé au bon endroit ; il était temps qu'il y arrive, a dit le chirurgien, car il avait perdu énormément de sang. L'homme a été sauvé, il est sorti de l'hôpital et se porte très bien.

Mais, je vous l'ai dit, notre concept de l'évacuation de ressortissants n'est pas d'aller les récupérer « à la petite cuillère » au milieu des combats puisque, habituellement, nous opérons en milieu permissif. Cette fois, nous étions en milieu semi-permissif, et nous avions indiqué à nos autorités politiques que nous allions prendre des risques pour aller chercher tous nos ressortissants. Ce risque était assumé par l'ensemble de la chaîne et toutes nos autorités. Nous n'avons pas souffert d'un défaut de matériel mais d'une difficulté tactique : chaque convoi devait traverser la ligne de front.

Nos alliés européens n'ont pas créé de difficultés, même si nous faisions l'objet de beaucoup d'attentes de leur part. Si j'en prends pour preuve le nombre d'appels téléphoniques me demandant un créneau d'atterrissage que j'ai reçus dimanche 23 avril, j'imagine que la pression politique pesant sur mes homologues a été permanente.

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