On se trompe si on résume le débat à une opposition « pour » ou « contre » l'Europe. En 2005, les Français n'ont pas voté contre l'Europe mais contre un mode d'organisation particulier de l'Union européenne.
Le rapport final de la conférence sur l'avenir de l'Europe enchaîne les vœux pieux, éloignés des orientations politiques européennes. Bercée par l'illusion du dogme de la concurrence libre et non faussée, l'Union européenne s'oppose au protectionnisme écologique et solidaire. Faisant fi des oppositions populaires, elle continue de négocier des traités de libre-échange que l'on sait climaticides et socialement dangereux. Elle empêche la constitution de pôles publics et la protection de nos biens communs. Le droit européen interdit par exemple de nationaliser le fret ou de privilégier des productions locales et bio dans la commande publique. Les traités européens refusent l'harmonisation sociale et fiscale, encourageant la concurrence entre les salariés. Incapable de lutter contre les paradis fiscaux, l'Union européenne n'en manque pas moins d'imposer d'absurdes règles budgétaires – notamment celle des 3 % –, qui réduisent les capacités à investir. Loin des ambitions affichées, le droit européen oppose de nombreux blocages à l'application de tout autre programme.
Que peut-on attendre d'une initiative refusant de désobéir au traité dont les Français n'ont pas voulu, qui mine nos capacités à relever les défis présents et futurs ?