Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du mercredi 12 juillet 2023 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

À la grande époque de l'Union soviétique, chaque fois que le communisme se fracassait sur son échec, les dignitaires du parti communiste appelaient à davantage de communisme et s'enfonçaient un peu plus dans leur échec. Cette proposition de résolution participe de la même logique avec la folie d'un élargissement impossible – ce que d'ailleurs vous reconnaissez – et, plus grave, l'impasse d'un processus qui se construit de plus en plus contre les peuples, une supranationalité hors-sol.

L'alinéa 16 – point 2 – du texte, qui prône une « inclusion pérenne de la démocratie participative dans le processus décisionnel de l'Union avec la poursuite du système des panels citoyens et l'approfondissement de ces mécanismes », apparaîtrait comique s'il n'était tragique : chaque fois que les peuples ont voté, cette Union qui refuse le référendum les a bafoués.

Quant au point 4, qui prévoit de soutenir « le recours aux clauses passerelles pour permettre le passage de l'unanimité à la majorité qualifiée dans le processus décisionnel au Conseil de l'Union européenne », il est la négation même de la souveraineté des nations, seul échelon de notre démocratie. Même Édouard Balladur, qui n'est pas un grand souverainiste, a récemment mis en garde contre cette fuite en avant.

La réalité est que l'Union européenne telle que vous l'avez construite, de plus en plus supranationale, est un fiasco complet et que les citoyens s'en aperçoivent. La suppression des frontières entraîne un chaos migratoire qui ne peut qu'aller croissant ; la multiplication des accords de commerce internationaux aboutit à un désastre industriel et écologique. La politique énergétique est suicidaire pour la France : elle a torpillé notre atout et ruiné nos PME. L'Union est un coût exorbitant puisque la France est un contributeur net, toujours plus important, qui subventionne ses concurrents. Enfin, sa politique étrangère est désormais totalement alignée sur l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et soumise aux États-Unis, au point qu'elle nous fâche avec le reste du monde.

Cela ne veut certainement pas dire qu'il ne faut pas d'Europe. Il y a toujours eu deux façons de construire l'Europe. Dans la façon intergouvernementale, celle du général de Gaulle, « on ne fait pas d'omelette avec des œufs durs » – les œufs durs, c'est-à-dire les nations. Vous avez voulu faire une omelette avec des œufs durs, vous aboutissez à un système de plus en plus totalitaire, antidémocratique. Le paradoxe est que l'Europe que vous avez construite n'a même pas traité les questions fondamentales : l'avenir de l'Afrique, la puissance scientifique, l'avancée technologique.

La seule solution est une réorientation complète, à l'opposé de cette proposition de résolution, c'est-à-dire le retour à des nations libres, qui peuvent coopérer entre elles. Elle viendra car, dans notre histoire, les constructions antidémocratiques se sont toujours effondrées.

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