Quoi qu'en disent quelques bruits de couloir, nous avons un véritable désir d'Europe : celui d'une autre Europe, loin de la loi du chacun pour soi. Depuis trente ans, cette politique du libéralisme décomplexé ne mène qu'à une chose : un dumping social générant rancune et renfermement et faisant monter les idées d'extrême droite.
Avez-vous lu les résultats des quatre panels de la conférence sur l'avenir de l'Europe ? Les recommandations sont à 90 % en adéquation avec le programme que nous défendons : faire évoluer le rapport au travail en harmonisant par le haut un salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) européen ; améliorer les conditions de travail par la lutte contre le stress et le burn-out ; créer des quotas spécifiques pour mieux intégrer les jeunes, les personnes âgées, les femmes, les minorités dans le marché du travail ; œuvrer en faveur d'une politique environnementale forte par le développement des énergies renouvelables, l'abolition des fermes usines ou encore l'abandon du plastique partout où nous le pouvons.
Il est aussi question de faire respecter les droits humains et de mener une politique d'immigration respectueuse de ces derniers. Faut-il rappeler qu'ériger des barrières entre les hommes produit la mort ? Depuis dix ans, selon l'Organisation internationale pour les migrations, plus de 56 000 migrants ont péri, dont 33 700 par noyade, faisant ainsi de la Méditerranée centrale la voie la plus meurtrière pour ceux qui pensaient trouver refuge et humanité. En vérité, malgré des errements démocratiques, malgré une résurgence de l'extrême droite causée par la politique libérale et l'austérité européennes, les citoyens veulent voir émerger une Europe humaine, sociale, plus proche et accessible, forte face aux défis environnementaux, loin devant une Europe qui défend ses intérêts économiques.
La priorité pour les institutions européennes est donc de se saisir pleinement des recommandations de la conférence sur l'avenir de l'Europe en convoquant une convention pour la révision des traités. Cela permettrait de surmonter la crise identitaire de l'Union que vous déplorez dans votre rapport, monsieur le président.