J'entends vos arguments, mais je vous alerte sur un point, qui manque au débat. Vous systématisez en réduisant le dispositif à un seul acteur, celui qui compenserait après avoir investi ; vous semblez oublier qu'il y a, derrière les sites naturels de compensation, des personnes dont le métier, la formation, la trajectoire sont tout autres : leur but est précisément de préparer les sites et d'y réintroduire les espèces menacées. Il faudra, dans les dix ou vingt années à venir, que leur activité soit financée ; ce n'est pas le métier des industriels.
J'en ai fait l'expérience, mutatis mutandis, quand je suis allé construire des crédits carbone dans une mine à Louhansk – cela ne date pas d'hier ! Eh bien, si les mineurs de la région n'avaient pas été convaincus qu'il y aurait compensation dans d'autres domaines et dans d'autres territoires, jamais ils ne se seraient amusés à capter leur méthane au lieu de le balancer dans l'atmosphère.
Quand on leur dit qu'allait s'appliquer un dispositif de compensation, ils ont accepté. Les difficultés n'étaient pas d'ordre technique, elles tenaient au fait que cela n'avait pas de sens pour eux et qu'il leur fallait entrer dans une nouvelle équation.