J'entends bien votre réponse, monsieur le ministre. Lorsque vous êtes venu en Guyane, à la suite des assises de la sécurité organisées par la collectivité territoriale, certaines actions ont été entreprises : je pense à la task force au niveau de la justice et aux renforts de gardes mobiles pour lutter contre toutes formes de criminalité, deux mesures dont on ne peut qu'espérer qu'elles se révéleront efficaces.
Néanmoins, les moyens pérennes, structurés et adéquats pour lutter contre la criminalité organisée à l'échelle internationale – ce que justifie la proximité de certains pays – sont insuffisants. Mon collègue Castor et moi-même, qui étions encore en Guyane il y a peu, pouvons vous confirmer que la plaque tournante de cette criminalité est située dans certains États d'Amérique du Sud. Des dispositifs ont certes été prévus – je pense à celui appliqué à l'aéroport Félix Éboué pour empêcher que des mules arrivent sur le territoire hexagonal –, mais cela ne freine aucunement le trafic en Guyane. Un article publié très récemment explique bien que les difficultés pour les forces de l'ordre de parvenir à lutter efficacement s'expliquent par le fait que les moyens ne suivent pas, tant au niveau judiciaire qu'au niveau sanitaire, pour surveiller toutes les personnes se livrant à ces activités.
Il est urgent que tout le monde comprenne bien ce qui est en train de se jouer : c'est la valeur d'un territoire et le sort de sa population, notamment de toute sa jeunesse ! Le phénomène des mules, le trafic de drogue et autres crimes sont en voie de gangrener un territoire – français, je le rappelle – situé en Amérique du Sud. Il faut prendre rapidement des dispositions particulières et drastiques ! Cela va au-delà de l'envoi de davantage de gardes mobiles : ces dispositions doivent concerner aussi les enquêtes, les moyens humains et matériels. Je rappelle que la Guyane ne dispose même pas de radar pour faire du repérage au large de ses côtes. Beaucoup de choses sont incongrues, voire tout à fait anormales ! Pourtant, elles perdurent.
Je rappelle pour finir qu'une très grande partie de la Guyane souffre d'un énorme retard numérique et qu'une grande partie de la population guyanaise n'a pas accès à la justice ! Il est urgent de remédier à tout cela.