La guerre frappe à la porte de l'Europe. L'accélération du conflit à l'Est et les derniers événements nous obligent à regarder la situation avec lucidité. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'Europe a déjà connu la guerre, lors du conflit en ex-Yougoslavie. Cet épisode tragique doit nous servir de piqûre de rappel.
Alors, qu'est-ce que la guerre en Ukraine ? C'est d'abord et avant tout un conflit ayant trait au statut des populations russophones d'Ukraine. Par cette agression violente et sans précédent sur le territoire ukrainien, Moscou revendique la souveraineté sur ces populations, qui sont en rupture avec le gouvernement de Kiev, tandis que les puissances alliées soutiennent l'Ukraine, mais sans entrer dans une guerre ouverte qui risquerait de susciter une déflagration mondiale.
À travers ce prisme, nous devons bien comprendre quels enjeux sont à l'œuvre. Les grandes tendances géopolitiques propres à chaque nation traversent les siècles et se prolongent dans ce conflit. En menant cette guerre et en annexant brutalement les régions de l'Est de l'Ukraine, la Russie cherche à rétablir par la force l'ancienne sphère d'influence de l'Union soviétique. C'est dans un tel contexte, si dangereux, que la France doit – aujourd'hui plus que jamais – défendre son rôle de médiatrice et de grande nation diplomatique.
Chers collègues, la France est aujourd'hui affaiblie à l'échelle internationale parce qu'elle ne parle plus de sa propre voix et parce qu'elle a renoncé à ce qui faisait sa spécificité. Lorsqu'en 2003, le président Jacques Chirac avait refusé d'embarquer la France dans la guerre d'Irak, il avait fait le choix présidentiel le plus responsable et le plus juste de toute sa longue carrière politique.