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Intervention de Laurent Panifous

Séance en hémicycle du lundi 3 octobre 2022 à 16h00
Déclaration du gouvernement relative à la guerre en ukraine et aux conséquences pour la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Panifous :

C'est une lourde responsabilité que d'intervenir sur ce sujet majeur qui marque un tournant historique pour notre continent et qui s'impose comme un défi pour toute la communauté internationale. Depuis le début de la guerre, force est de constater que le président russe ne recule devant aucune provocation et entraîne l'Occident dans une escalade qui ne peut que nous inquiéter.

Après sept mois de guerre, ni la mort de soldats russes par milliers et de civils ukrainiens, ni les sanctions qui pèsent lourdement sur l'économie russe ne semblent entamer la volonté de Poutine de gagner cette guerre à tout prix. Par l'organisation de référendums locaux et par la mobilisation partielle assortie de menaces nucléaires, Vladimir Poutine poursuit sa fuite en avant et fait entrer la guerre dans une nouvelle phase encore plus dangereuse, guidé par une haine viscérale du régime ukrainien et de l'Occident – nous devons nous y préparer. Ceux qui, hier encore, soutenaient presque aveuglément le président Poutine doivent désormais s'interroger.

Comment comprendre et répondre ensemble à cette surenchère ? Nul doute qu'il s'agit pour Poutine d'accentuer la pression sur une communauté internationale stupéfaite, car il le sait : pour nous autres, pays européens, la ligne de crête est difficile depuis le début de ce conflit à nos portes. Dans les conditions d'escalade imposées par Poutine, cette équation sera de plus en plus ardue à tenir. Nous devons prendre conscience que le risque d'une potentielle confrontation directe entre la Russie et l'Otan n'a jamais été aussi élevé.

Dès lors, quelle doit être l'attitude de la France face à ces risques immédiats dont nous pensions être protégés ? Il nous semble tout d'abord que face à cette fuite en avant, les alliés de l'Ukraine, au premier rang desquels se trouve la France, ne doivent pas relâcher un effort qui produit des résultats sur le terrain, du fait de la combativité exceptionnelle des troupes de Kiev. En effet, les gesticulations auxquelles nous avons assisté le 30 septembre, consacrant l'annexion unilatérale de territoires ukrainiens conquis par la force, cachent mal les revers importants que l'armée russe rencontre en Ukraine. C'est sous la pression des troupes ukrainiennes que Vladimir Poutine a été contraint de précipiter le calendrier de ces votes, qui n'en sont que plus grotesques. En outre, il a été acculé à une mobilisation partielle à laquelle les Russes en âge de combattre ont souvent répondu par l'esquive ou par la fuite à l'étranger.

La France doit continuer de dialoguer avec l'ensemble des acteurs de ce conflit et d'agir de manière concertée dans le cadre de l'Union européenne, du G7 et des institutions financières internationales, afin que nous soyons tous à la hauteur des besoins de l'État ukrainien face à la catastrophe de cette guerre.

Depuis l'agression russe contre l'Ukraine, nous ne pouvons que saluer la réponse que l'Union européenne a apportée au fil de la progression de ce conflit. La France n'a pas ménagé ses efforts pour répondre à une exigence sans précédent de fermeté face à la Russie et de solidarité avec l'Ukraine. La recherche permanente du dialogue associée à des sanctions économiques et financières d'une sévérité inédite ont permis d'isoler la Russie, d'affaiblir sa capacité à poursuivre cette guerre et de faire subir aux dirigeants russes le coût politique et économique de l'agression qu'ils ont décidée. L'Union européenne et ses États membres ont également joué un rôle moteur dans la mobilisation de la communauté internationale pour dénoncer les multiples violations du droit international par la Russie.

Pourtant, les derniers développements de la situation montrent que nous devons aller plus loin. L'Ukraine a besoin d'un soutien massif et nous devons être à la hauteur de cette solidarité, qui passe d'abord par une hausse de l'aide financière de l'ensemble de la communauté internationale.

La France, en tant que principale puissance militaire de l'Union européenne, a également un rôle particulier à jouer en matière de livraison d'armes. Là encore, il n'est pas possible de céder à la pression et aux intimidations de la Russie, qui reproche à notre État ses livraisons d'équipements militaires – essentielles à ce moment du conflit.

L'heure est à la mobilisation, au soutien d'un peuple assiégé et privé de liberté – sans oublier le peuple russe, lui-même prisonnier de la brutalité de ses dirigeants. Nous devons faire front commun pour défendre la paix. Cette mobilisation et cette détermination, nous les devons au peuple ukrainien, mais aussi aux nouvelles générations, pour lesquelles nous avons le devoir de préparer l'avenir.

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