Madame la secrétaire d'État, vous vous présentez devant nous dans un contexte marqué par votre récente audition devant la commission d'enquête du Sénat sur le fonds Marianne. À son issue, le rapporteur Husson a déclaré à votre sujet : « Elle ne m'a pas convaincu. Elle s'est mise en porte-à-faux à bien des égards, elle n'a cessé de se défausser. Notre rapport conclura qu'elle ne dit pas la vérité. La justice fera son travail derrière. » En dépit de ce contexte et en l'absence du crédit que nous pouvons accorder à votre parole, vous êtes aujourd'hui face à nous. Dont acte.
Je vous poserai donc, au prisme de ce qu'il convient d'appeler l'affaire Schiappa, deux questions relatives au thème de votre audition. La première concerne le financement des associations. L'affaire Schiappa révèle une pratique discrétionnaire et opaque, un favoritisme structurel mis en œuvre par votre cabinet dans l'attribution des subsides du fonds Marianne. Selon plusieurs enquêtes de presse, votre cabinet a directement participé à la sélection des bénéficiaires de ce fonds ; vous seriez vous-même intervenue pour écarter une association – SOS Racisme. À la lumière de ces pratiques, je souhaite connaître votre conception du mode et des procédures de financement du monde associatif.
Ma seconde question porte sur votre vision de la place et du rôle des associations dans notre vie démocratique. L'affaire Schiappa révèle une forme d'instrumentalisation de certaines associations par le pouvoir macroniste, à des fins politiques. Ainsi, l'association Reconstruire le commun a-t-elle manifestement été créée et financée pour mener une campagne de dénigrement contre vos adversaires politiques – notamment contre Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon –, en pleine période électorale. Cette pratique, consistant à financer avec de l'argent public des officines de propagande macroniste, rappelle le syndicat fictif Avenir lycéen, largement arrosé par Jean-Michel Blanquer : deux de ses dirigeants seront présentés demain devant la justice. Au regard de ces révélations, pouvez-vous nous indiquer comment la secrétaire d'État à la vie associative que vous êtes devenue conçoit le rôle et la place des associations dans notre vie démocratique ? Madame la secrétaire d'État, je sais que vous pratiquez la diversion et la confusion par omission : j'espère que vous répondrez clairement et précisément à mes questions.