Merci pour cette invitation qui est une occasion pour nous de parler de nos investissements dans les outre-mer, de notre empreinte économique et de saluer l'action sur le terrain de nos milliers de collègues qui exploitent, opèrent et commercialisent nos offres dans les Caraïbes, en Guyane, à La Réunion et à Mayotte. C'est aussi pour nous l'occasion de peut-être tordre le cou à quelques idées reçues, notamment les sujets tarifaires, qui sont au cœur de cette table ronde. Il s'agit, quand on parle d'accès aux communications à l'Internet, de dépenses contraintes.
Certes, quand on est en difficulté financière, on peut toujours arbitrer entre le fixe et le mobile. Généralement, on arbitre en faveur du mobile. En revanche, on ne peut pas vivre aujourd'hui sans accès aux communications, sans accès à l'Internet. C'est une dépense contrainte et c'est donc toujours trop cher. C'est comme cela qu'on le ressent. Pour autant, le prix du gigaoctet de data a très significativement diminué ces dernières années, car la concurrence est vive sur ces territoires comme en métropole. Quand on observe d'ailleurs les services offerts dans les territoires avoisinants, les îles proches comme Saint-Domingue, Saint-Martin côté hollandais, l'île Maurice côté Réunion et Mayotte, on voit bien qu'on est très content d'être plutôt dans les territoires d'outre-mer français.
L'entreprise Orange est bien évidemment soucieuse d'apporter les meilleurs services et une offre de qualité. L'infrastructure télécom est l'ADN d'Orange, qui a un long héritage. Vous connaissiez France Télécom et, avant, la direction générale des télécommunications du ministère des postes et des télégraphes (PTT).
Nous sommes en toute logique numéro un en termes de qualité de service sur le mobile, sur tous les territoires où nous sommes, avec une couverture de la population supérieure à 99 %, que ce soit à La Réunion, en Guadeloupe ou en Martinique et 95 % de la population est couverte en Guyane. Ce sont des investissements très importants puisque nous investissons de façon conséquente pour déployer ces réseaux, que ce soit les réseaux de fibre optique ou les réseaux 4G qui n'ont rien à envier au réseau métropolitain en termes de qualité de service. Par ailleurs, Orange est le seul opérateur à proposer sur ces territoires la voix sur 4G et sur Wifi.
Nous employons plus de 2 000 salariés dans les territoires ultramarins, 1 200 environ aux Antilles et en Guyane et 800 à La Réunion et à Mayotte. Ces investissements sont faits sur le terrain et, par effet d'entraînement, génèrent de la croissance. Je n'ai pas le chiffre précis des investissements sur l'ensemble de ces territoires depuis ces dix dernières années, mais si on regarde la Guyane et les Caraïbes, on doit être aux alentours de 800 millions d'euros d'investissement dans les réseaux.
C'est un investissement permanent parce qu'au-delà de la modernisation, du déploiement toujours plus capillaire et d'une couverture mobile toujours plus profonde et toujours plus performante, il y a aussi, dans les territoires ultramarins, des aléas climatiques forts et des réseaux qui sont à reconstruire, comme on a pu le connaître notamment à Saint-Martin et Saint-Barthélemy après le passage des cyclones. Plus de 50 % du réseau a été détruit à Saint-Martin. De nombreux investissements visent à traiter la résilience de ces réseaux qui est au cœur des préoccupations de nos clients et concitoyens dans les Outre-mer.
Nous investissons aussi, comme vous le savez, dans les câbles sous-marins. C'est d'ailleurs une partie des surcoûts pour adresser les offres et nos services dans les outre-mer, puisqu'il faut de la capacité sur les câbles sous-marins et Orange intervient comme primo-investisseur sur les câbles, notamment avec un câble récemment posé en Guyane, qui a permis de décongestionner l'accès à l'Internet.
Sur ces marchés, je le disais, la concurrence est vive et cela se retrouve aussi sur les prix. Je vous passe, mais on pourra y répondre très volontiers, toutes les actions que l'on mène aussi en termes d'inclusion et de soutien aux associations pour l'insertion des jeunes, les fab lab s, laboratoire de fabrication de projets solidaires, les appels à projets solidaires qu'on lance depuis chez nous, les Orange centers que l'on a ouverts, notamment à la Réunion ou à Mayotte, avec déjà un certain nombre de personnes qui ont pu bénéficier des ateliers.
S'agissant du positionnement tarifaire, nous ne sommes clairement pas « dépositionnés » au regard de ce qui se passe en métropole, notamment sur le mobile. Nous proposons des offres accessibles à La Réunion, dès 4,99 euros, avec deux heures d'appel et des SMS et MMS illimités. Nous avons, à Mayotte, la recharge la moins chère du marché à 2 euros. Nous avons aussi des offres post-payées à travers une nouvelle gamme plus généreuse en datas et accessible dès 10 euros avec cinq gigaoctets de datas sur Mayotte.
Le sujet et la préoccupation concernent la prétendue cherté des offres. Il faut rappeler qu'opérer les réseaux télécoms, c'est opérer sur un marché capitalistique très intense. Les investissements sont continus. C'est bon pour la croissance, mais cela pèse fortement sur les résultats quand on est sur un marché où la concurrence par les prix est aussi intense. Chez Orange, notre ADN est l'excellence. Nous sommes sur la concurrence par l'investissement. Nous sommes sur la concurrence dans les infrastructures par la qualité de service. Mais quand on investit au soutien de cette qualité de service, entre le moment où l'on investit et le moment où la qualité est palpable, il se passe un petit délai, quelques mois, parfois un peu plus. En revanche, d'autres opérateurs qui ont moins investi, et c'est un choix stratégique, décident de mener une politique tarifaire agressive d'entrée de jeu, c'est immédiat. Les clients partent très rapidement, même si le réseau peut être dégradé. C'est vraiment une gageure que d'opérer des réseaux toujours plus modernes, plus capillaires et d'absorber les investissements. Je prendrai une année de référence, celle de mon arrivée chez Orange, en 2014. Le forfait mobile voix et SMS illimités, avec dix gigaoctets de datas, était proposé dans les Caraïbes à 70 euros. Aujourd'hui, il est proposé à partir de 14,99 euros chez Sosh, avec bien sûr les appels illimités, mais avec 40 gigas de datas et non 10 gigas. Il est à 29 euros avec 20 gigas et des appels illimités chez Orange. Depuis 2014, on a donc une baisse de 80 % du tarif d'une offre standard chez Sosh et une baisse de 60 % sur la marque Orange.
Dans la même période, le service s'est largement amélioré puisque le réseau est beaucoup plus capillaire et performant, avec des débits multipliés par dix. La capacité d'absorption du trafic a été démultipliée du fait de la croissance du trafic annuel. Ce sont donc des investissements très lourds, une qualité de service très significativement améliorée et, dans le même temps, une baisse de 60 % sur les tarifs des offres Orange et de 80 % sur les offres de Sosh.
S'agissant de l'évolution des prix des smartphones, l'iPhone 6 Plus coûtait en 2014 1 019 euros, soit 42 euros par mois pendant deux ans. On avait donc un forfait à 70 euros et l'amortissement d'un smartphone sur deux ans à 42 euros. Aujourd'hui, l'entrée de gamme iPhone 14 Pro Max s'élève à 1 479 euros, soit 62 euros par mois pendant deux ans. Donc d'un côté, on a une baisse des forfaits chez Sosh et Orange et, de l'autre côté, un prix de l'iPhone qui progresse de 50 %. En 2014, il fallait débourser 70 euros par mois pour le forfait mobile et 42 euros pour l'iPhone. En 2023, ce sont 15 euros pour le forfait et 62 euros pour le téléphone. Je pense que l'illustration est intéressante. Nous sommes très intéressés à mieux comprendre la structuration des tarifs, parce que c'est une dépense contrainte et qu'elle est lourde. Mais notre réalité, c'est que les tarifs ont significativement diminué sur les offres mobiles comme sur le fixe, alors qu'ils ont augmenté s'agissant des terminaux. Pourtant, les fabricants ne sont pas aujourd'hui autour de la table.