Mon intervention va se concerter sur les coûts de la chaîne d'approvisionnement. Alors qu'en Hexagone, il faut trois opérateurs pour qu'un produit arrive à un client, dans nos territoires en général, il en faut quatorze, soit près de cinq fois plus d'intermédiaires.
Pour nos magasins de l'Hexagone et en Belgique, notre circuit est réduit à une plateforme de fournisseurs, le transporteur et le magasin. Pour nos magasins de Martinique, le circuit est plus complexe :
une usine ou d'une plateforme export ;
la logistique pour remplir le container ;
le transport du conteneur jusqu'au port ;
la douane pour les formalités d'export ;
le transitaire ;
le port ;
la compagnie maritime qui s'occupe de l'embarquement, du transport et du débarquement ;
la douane pour les formalités d'import ;
le transitaire ;
le port ;
le transport du conteneur jusqu'à l'entrepôt ou chez le grossiste ;
la livraison des marchandises aux magasins.
Dans cette longue chaîne d'intervenants, nous travaillons de deux manières. Soit nous nous appuyons sur des partenaires avec lesquels nous négocions les tarifs les moins chers possible ; soit nous opérons nous-mêmes, surtout quand nous estimons que cela est stratégique pour notre développement.
Dans cette longue chaîne, deux principaux coûts viennent s'ajouter au prix d'achat : les coûts d'importation et les coûts logistiques. Pour les coûts d'importation, les deux principales dépenses sont le coût de transport maritime (environ 11 % du prix d'achat) et la fiscalité locale, c'est-à-dire l'octroi de mer (15 % du prix d'achat en moyenne). Notre marge de négociation est faible en matière de fiscalité, mais s'agissant du transport maritime, nous sommes membres depuis plus de vingt-cinq ans du groupement des importateurs antillais (GIA), qui regroupe 120 petites et moyennes entreprises (PME) de la Guadeloupe et de la Martinique. L'objectif du groupement consiste à négocier de meilleurs tarifs de fret face aux grands groupes concurrents.
En matière de frais logistiques, nos dépenses sont multiples. Le loyer d'un entrepôt en Martinique est en moyenne de 12 euros le mètre carré contre 5 euros dans l'Hexagone. Du fait de l'éloignement, nous sommes obligés d'avoir un stock de 30 jours de couverture, contre 15 jours pour un opérateur hexagonal. Les conséquences sont doubles. D'une part, nous avons besoin de deux fois plus de surface disponible. D'autre part, nous fonctionnons à l'inverse du modèle traditionnel de la distribution, où le besoin en fonds de roulement (BFR) est négatif : généralement, le distributeur paye le fournisseur après que le client l'a payé. Nous devons donc financer le stock.
Face à cette longue chaîne logistique, notre stratégie consiste à acheter le plus possible localement pour les produits que nous ne sommes pas obligés d'importer. Ainsi, nous réalisons aujourd'hui plus de 30 % de nos achats localement et nous souhaitons augmenter cette part, pour atteindre au moins 40 %. Pour cela, nous devons convaincre plus d'industriels d'accepter de fabriquer pour nous.